Fin 2010 éclatait le scandale Mediator. Ce lundi, soit un an et demi plus tard, s’ouvre à Nanterre le premier procès pénal du laboratoire Servier mais aussi de son fondateur, Jacques Servier, 90 ans. Face à eux se dresseront plus de 350 plaignants, désireux de faire rendre des comptes au créateur du Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim. Durant les trente ans de sa commercialisation, ce médicament aurait causé la mort d’au moins 500 personnes, de 1 000 à 2 000 selon d’autres estimations.
En marge des deux informations judiciaires contre X ouvertes à Paris, les parties civiles ont donc misé sur une procédure rapide pour s’attaquer au laboratoire, une citation directe pour « tromperie aggravée ». Toutefois, si cette dernière amène plus rapidement l’accusé devant le tribunal, empêchant l’affaire de s’étaler sur des années, c’est à la défense que revient la lourde tâche d’apporter les preuves du délit dénoncé, sans avoir accès aux investigations parisiennes.
Par « tromperie aggravée », les plaignants reprochent à Jacques Servier et son laboratoire d’avoir « délibérément » menti sur la composition du Mediator. En effet, la présence dans le médicament de norfenfluramine, une substance toxique très proche de l'amphétamine, aurait, selon eux, dû être signalée, d’autant qu’elle multiplierait les risques d’hypertensions artérielles pulmonaires et de valvulopathies. Pour se faire entendre, les parties civiles comptent s’appuyer sur des rapports internes du laboratoire Servier et sur les annexes du rapport accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Commandé par le ministère de la Santé, ce dernier affirme que le retrait du Mediator « aurait pu être décidé dès 1999 », dix ans avant sa disparition du marché.
L’avocat de Servier cherchera, pour sa part, à freiner la procédure. Il prévoit ainsi de soulever dès aujourd’hui, au tribunal, deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC). L’une concernerait le délai de prescription en matière de tromperie, l’autre, la difficulté pour son client d’être jugé à Nanterre en parallèle de l’instruction parisienne. Si cette stratégie porte ses fruits, le procès serait alors renvoyé.
Source : Libération
Crédit photo : AFP
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