On connaissait le "slut shaming" : le fait d'être traitée de "sal*pe" et autres noms d'oiseaux pour la seule raison d'une attitude, d'une tenue ou d'un discours supposant une sexualité non conforme aux normes imposées. Pour le dire autrement : être insultée pour cause de misogynie. Mais on ignorait tout du "virgin shaming".
Pourtant, c'est un vrai phénomène, et tenez vous bien, il concerne carrément un jeune de 18 à 24 ans sur cinq. C'est ce que nous apprend cette enquête édifiante du média Hypebea qui s'appuie sur les infos de la marque de bien-être sexuel Lovehoney : oui, un jeune sur cinq de la génération Z a déjà été traité de "vierge" en guise d'insulte.
Et assimilés : puceau, pucelle...
Comme si "ne l'avoir jamais fait" était aussi condamnable que de l'avoir "trop fait". Vous connaissez le sens du concept de "double peine" ? Il est parfaitement résumé par ce "virgin shaming" dont les effets sur la santé mentale sont désastreux. Stigmatisation, harcèlement, insultes...
Vous pensez que la honte s'arrête là ? Pas du tout.
"Les filles et les femmes sont également trois fois plus susceptibles d'avoir été qualifiées de « frigides » dans leur vie. Non seulement cela concerne les personnes de toutes les identités de genre, mais on constate que les femmes sont, comme d'habitude, les cibles les plus courantes", déplore encore Hypebae. Hélas, on est pas tout à fait surpris. Ce sont les mêmes violences qui perdurent une génération après l'autre.
La génération Z, elle, en a marre des pressions diverses à la sexualité.
Une récente enquête menée par le Center for Scholars & Storytellers nous apprend que cette génération, celle des personnes nées entre 1996 et 2010, juge que trop de scènes de fesses dans les films et séries sont purement inutiles et n'aident en rien à la narration d'une fiction, sa progression, la caractérisation des personnages... Pas de pudibonderie, mais simplement, un "trop plein" de ces injonctions à l'acte sexuel, qui saoulent énormément.
La génération Z exige d'autres représentations, un regard plus sain porté sur les relations amoureuses et sentimentales, une approche plus moderne, plus inclusive, des identités de genre...
La génération Z parle d'asexualité, de violences patriarcales, de nouveaux désirs, d'approches moins toxiques et destructrices de la sexualité. Et elle a bien raison de le faire, dans une société où la virginité est non seulement un fantasme, une construction culturelle (spoiler : la virginité n'existe pas, rappelle à raison le média féministe Cheek Magazine), mais... Une insulte.
Souhaitons-lui bon courage.