Le jour a été parfaitement choisi. C'est ce mercredi 27 mai, à l'occasion de la journée nationale de la résistance décrétée en 2013, que François Hollande tiendra la cérémonie de panthéonisation de quatre grandes figures de la résistance : Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Après la grande campagne du Collectif pour des femmes au Panthéon et un vote national organisé par les Centre des monuments nationaux (CMN), le Président de la République a donc décidé de miser sur la parité en faisant entrer deux hommes et deux femmes sous les voûtes de l'édifice. Le geste est fort. Depuis 1791, date à laquelle le Panthéon est devenu une nécropole des "grands hommes" qui ont contribué à la grandeur de notre pays, seules deux femmes ont été inhumées contre 71 messieurs. Au printemps 1907, Sophie Berthelot fut ainsi la première à faire son entrée, mais seulement parce que la République lui accorda le droit de reposer au côté de son époux, le scientifique Marcelin Berthelot. Elle aura dû attendre près de 90 ans avant d'être rejointe par Marie Curie, panthéonisée en 1995 par François Mitterrand en compagnie de son époux, le physicien Pierre Curie.
Un geste fort donc, mais en même temps une bien maigre récompense. Ainsi, n'aurait-il pas été encore mieux de profiter de ce grand jour ne panthéoniser que des femmes ? Philippe Belaval, président du CMN, avait lui-même fait la proposition à François Hollande en octobre 2013, avant que celui-ci ne choisisse la parité. Quant aux associations féministes regroupées sous la houlette du Collectif pour les femmes au Panthéon, elles demandaient purement et simplement au Chef de l'Etat "d'opérer un grand rattrapage de l'Histoire" en rompant "le déséquilibre flagrant de la proportion des femmes et des hommes dans notre temple laïc et républicain".
Ethnologue et résistante, Germaine Tillion entrera donc aujourd'hui au Panthéon en compagnie de Geneviève de Gaulle-Anthonioz, autre visage de la résistance qu'elle rencontra au camp de Ravensbrück et qui consacra sa vie à aider les plus démunis. Deux grandes héroïnes enfin célébrées et qui espérons-le, permettront à d'autres femmes qui ont marqué l'histoire d'avoir enfin droit à la reconnaissance et à la visibilité qu'elles méritent. Car les personnalités féminines qui ont contribué à bâtir la France sont loin d'être rares. Pour le Collectif pour les femmes au Panthéon, on les trouve partout, de la politique à la culture. Sont ainsi suggérées la politicienne féministe Olympe de Couges, la philosophe Simone de Beauvoir, la suffragette qui lutta pour le vote des femmes Hubertine Auclert, l'aviatrice Hélène Boucher, la sculptrice Camille Claudel ou encore la romancière George Sand. Bref, des femmes sources d'inspiration pour leurs homologues féminines comme pour les hommes.
Il y a deux ans, Laurent Fabius estimait que George Sand et la philosophe Simone Weil pourraient très bien avoir leur place au Panthéon. De son côté, dans une tribune publiée sur le site du Monde en 2013, l'écrivain Régis Debray estimait que Joséphine Baker est la candidate idéale. Meneuse de revue et plus encore, la danseuse fût espionne au service de la France durant la Seconde Guerre mondiale, fût décorée de la Croix de Lorraine, et se battu pour les droits civiques des Afro-Américains. Preuve que les mentalités évoluent ? Ne reste plus qu'aux dirigeants du pays de le prouver en panthéonisant des femmes aux côtés d'autres femmes.