Un nuage irrespirable a envahi Delhi. Depuis dimanche (3 novembre), les 20 millions d'habitants de New Delhi subissent de plein fouet la pollution de l'air. Un épais brouillard s'est abattu sur la ville, si bien que les compagnies Air India et Vistara ont été contraintes de détourner leurs vols vers des aéroports voisins, faute de visibilité. Les écoles ont été fermées en ce début de semaine et une circulation alternée a été mise en place du 4 au 15 novembre, rapporte Le Monde.
"J'ai mal à la tête chaque jour quand je me réveille. C'est parfois suffoquant de respirer. Les narines sont irritées et tout, les yeux aussi. Ça brûle", décrit à l'AFP Ankusha Kushi, étudiante à Delhi.
Sur Twitter, de nombreux internautes décrivent le même cauchemar. Des yeux qui brûlent, un air irrespirable et des rues que les habitants ont été contraints de déserter. Et c'est pour témoigner de cette apocalypse que certains internautes ont décidé de photographier leur quotidien et de les poster sur les réseaux sociaux.
Par ce biais virtuel, ces Indiens espèrent interpeller le gouvernement, particulièrement passif, à agir. Car distribuer des masques, fermer les écoles et mettre en place la circulation alternée sont, selon les experts, des mesures insuffisantes face à l'ampleur du phénomène. Siddharth Singh, auteur du livre The Great Smog of India, explique ainsi à l'AFP : "Ça ne peut pas être une solution, car le transport privé motorisé ne représente qu'une très petite partie (des sources de pollution, ndlr)."
Cette pollution de l'air est due à un ensemble de facteurs, dont la circulation automobile, les rejets industriels et les fumées des brûlis agricoles qui se sont intensifié dans les régions voisines. Le tout couplé à des conditions climatiques accentuant l'ensemble.
Si New Delhi a l'habitude de connaître une augmentation de la pollution à l'approche de l'hiver, la hausse enregistrée en 2019 s'avère particulièrement violente. Ce lundi, l'ambassade américaine de New Delhi enregistrait une concentration de particules fines PM2,5 de 469 microgrammes par mètre cube d'air. Un taux qui menace la santé des habitants de New Delhi, puisque l'OMS préconise de ne pas dépasser une concentration journalière de 25 microgrammes. A titre de comparaison, à Paris ce lundi, ce même taux était de 6 microgrammes par mètre cube, rapporte France Info.
La pollution qui s'est abattue sur Delhi n'est évidemment pas sans danger sur la santé de ses habitant·e·s. Les particules fines en suspension qui la composent s'infiltrent dans les poumons, puis dans le sang et augmentent ainsi les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons. A Delhi, les médecins ont constaté par ailleurs une augmentation des troubles respiratoires parmi les habitant·e·s de la ville.
Un pic de pollution avait déjà enregistré en 2016, avec une concentration annuelle de particules fines de 113 microgrammes par mètre cube d'air. Une hausse qui aurait entraîné, rapporte 20 minutes, une réduction moyenne de l'espérance de vie de 10 ans des habitants de Delhi.