"Je ne veux pas raconter aux gens une jolie histoire enrubannée de rose sur le cancer du sein, parce qu'il ne s'agit pas de cela. Voici ce dont il s'agit. C'est sur ma poitrine." Loin des discours et opérations un poil gnagnans sur le cancer du sein qui fleurissent pendant Octobre rose, Paulette Leaphart, une survivante, a choisi de révéler ses cicatrices au grand jour. L'an dernier, cette femme de 49 ans a en effet subi une double mastectomie après qu'on lui a diagnostiqué un cancer du sein très avancé. Refusant toute opération de chirurgie reconstructrice, elle a désormais deux grandes cicatrices à la place des seins.
C'est le retentissement sur les réseaux sociaux d'une photo de ses cicatrices qui a donné à Paulette Leaphart l'idée de marcher dénudée pour parler du cancer du sein différemment. Pour elle, c'est en effet la meilleure manière d'attirer l'attention de l'opinion publique sur la maladie et sur les traces physiques qu'elles laisse sur le corps des femmes. Elle va donc parcourir 1600 kilomètres en 2016, la poitrine nue, afin de sensibiliser le monde. Cette marche fera l'objet d'un film documentaire réalisé par Emily McKenzie et intitulé Scar Story. Le but est de remettre en question les discours habituels sur le cancer du sein afin de dépasser le ruban rose et de soulever les questions d'image corporelle, de race et de genre.
De plus en plus de voix se font en effet entendre pour protester contre la manière édulcorée dont le cancer du sein est présenté. Une survivante a récemment posté une photo montrant à quoi ressemble son corps après 35 jours de radiothérapie, et d'autres ont dénoncé les campagnes un peu trop "girly" de sensibilisation à cette maladie qui ont tendance à en minimiser la gravité.
La réalisatrice et la productrice de Scar Story projettent d'inviter les internautes à suivre la longue marche de Paulette Leaphart et à partager leurs histoires de cancer du sein afin d'attirer l'attention des politiques au sujet des questions liées à la santé des femmes et à la recherche sur le cancer.