Téléphoner avec un téléphone ? Quelle drôle d'idée ! En effet, si les jeunes utilisent leurs smartphones à tout bout de champ, c'est plutôt pour s'envoyer des SMS, s'échanger des "Snaps", prendre des photos, consulter leurs fils Facebook, Twitter et Instagram, aller sur Internet, écouter de la musique, mais rarement pour passer un coup de fil. Ni même daigner écouter leurs messages.
Tenir des conversations téléphoniques avec leurs proches n'est plus plus un réflexe pour la nouvelle génération qui voit cela comme une perte de temps bien souvent embarrassante et intrusive, comme le confirme Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms au Monde. Et si dans d'autres pays, comme la Grande-Bretagne, une baisse des communications téléphoniques chez les 18-34 ans a été notée au cours des dernières années, en France, "la stagnation des usages de la voix sur le portable est une tendance assez marquée depuis 2016, et accentuée chez les jeunes jusqu'à la tranche des 25-39 ans".
Mais cela n'empêche évidemment pas les adolescents de communiquer par le biais de leurs portables. Ils en ont un usage différent, c'est tout. Et voici comment Michel Combot résume ce tournant téléphonique : "Le mobile se substitue au fixe, les données à la voix".
Ainsi, les ados préfèrent nettement s'échanger des textos ou dialoguer via des applications de messageries instantanées à l'instar de Facebook Messenger, WhatsApp et Snapchat sur lesquelles ils peuvent simultanément se faire parvenir des photos, des liens d'articles, des vidéos et bien sûr ponctuer tout ça d'emojis. De quoi tenir des conversations à l'image de leur génération. Et ce n'est pas nécessairement négatif, rassure Laurence Allard, enseignante et chercheuse en sociologie du numérique, qui considère que "cette écriture hybride, faite de textes, dessins, gif, emoji etc. rend leurs échanges plus riches, plus créatifs que la conversation téléphonique", comme le rapporte le site We Demain.
Mais l'instantanéité n'est pas l'unique raison du délaissement des appels téléphoniques chez les jeunes. Martin, 19 ans, avoue ainsi au Monde : "Quand tu commences une conversation, il y a toujours un malaise. Alors qu'avec les messages, on n'a pas à commencer, on continue". Ecrire, plutôt que de parler, permettrait ainsi de limiter cette gêne et de s'assurer de ne pas déranger l'autre (et vice versa).
En outre, communiquer par le bais des réseaux sociaux permet de communiquer avec plusieurs interlocuteurs en même temps, voire de créer des groupes de conversations où l'on peut tous interagir au sein de la même discussion... sans jamais se couper la parole !