Pourquoi recouche-t-on avec son ex ?

Une étude récente, publiée par le Journal of Adolescence Research, montrait que la génération Y (ceux qui ont entre 20 ans et 30 ans) avait plus que les autres tendance à recoucher avec un ancien partenaire : en moyenne, une rupture sur deux chez les moins de trente ans se termine au lit, comme si la rupture des sentiments était plus facile que celle de l'union des corps.
Pour les scientifiques qui se sont penchés sur cette étude, ce qui leur a paru particulièrement intéressant, c'est l'observation d'un manque de certitudes de cette génération, qui vient s'ajouter à la compréhension théorique et empirique de ce qu'est l'amour à cet âge. Les jeunes de la génération Y ne sont en réalité pas les seuls à faire l'amour avec des ex, en moindre proportion, les générations précédentes aussi. De bonnes raisons sont avancées à ces « retours » : il y a une certaine forme de confort à avoir des relations avec des gens que l'on a vus nus et devant qui on s'est déjà exposé nu, dont on connaît le fonctionnement, les goûts sexuels, les habitudes, et également l'odeur et la douceur de la peau… Bref, il n'y a pas d'inconnues et c'est tout à fait rassurant.

Ce qui est également sécurisant, c'est de savoir que de nombreux couples ont une vie sexuelle active après des dizaines d'années de vie commune, grâce à des gestes simples, qui font durer le désir. Il suffit en effet de ne pas perdre la bonne habitude de se toucher, de se caresser, de se regarder longuement dans les yeux. Car, aussi étrange que cela puisse paraître, ce sont ces gestes qui entretiennent les sentiments et non l'inverse, l'action primant sur les sentiments. C'est parce que l'on caresse ou regarde tendrement quelqu'un qu'on est attiré par lui, et non parce que l'on est attiré par lui qu'on le caresse ou le regarde. On peut donc entretenir l'amour en commençant par s'assurer d'un certain nombre de « bons » gestes, de caresses et regards qui en disent longs. Suivront ensuite les sentiments et le désir de faire l'amour.

Il y a plus de 40 ans, un psychologue américain, Arthur Aron, avait fait une série de tests avec des hommes et des femmes, avant de conclure que c'est parce qu'un des tests exigeait de se regarder longuement dans les yeux pendant 4 minutes, que l'amour jaillissait, quelquefois venant de nulle part, entre inconnus. Simuler les sentiments amène aux sentiments. Toucher l'autre amène au désir de l'autre. Empêcher l'amour de se faner au fil des ans nécessite d'agir et non pas d'être spectateur de sa relation à l'être aimé, comme si le temps était le maître auquel on devrait se soumettre. On peut au contraire s'agiter, mettre en place une gymnastique de gestes et de regards qui, s'ils peuvent sembler artificiels au début, sont de magnifiques boosters d'ocytocine et de dopamine, des hormones qui nous donnent du plaisir et nous poussent à en redemander. Faire l'amour fonctionne sur le même principe : plus on a de rapports, plus le corps sécrète ces bonnes hormones, plus c'est bon, plus on en redemande.

Un cycle parfaitement vertueux, en somme, où il n'y a guère plus à faire que de jeter son dévolu sur la personne de son choix, et se tenir à celui-ci grâce à des actions simples et quotidiennes.