Le dépouillement des bulletins de vote du 1er tour de l'élection présidentielle est toujours en cours en Égypte, néanmoins la confrérie islamiste, principale force politique du pays, a affirmé que son candidat Mohammed Morsi était en tête du scrutin. Il devancerait Ahmad Chafiq, le Premier ministre de l’ex-président, Hosni Moubarak. Crédités respectivement de 30,8% et 22,3% des voix, les deux hommes feraient la course en tête devant le nationaliste arabe Hamdeen Sabbahi et les neuf autres candidats déjà distancés. Mais ces résultats annoncés après un dépouillement partiel, 90% selon le site internet des Frères musulmans, n’ont pas été confirmés par le camp d’Ahmad Chafiq, ni par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) qui doit remettre le pouvoir au nouveau président élu à la fin du mois de juin. Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue dès le premier tour ce qui paraît plus que probable, le second tour est programmé les 16 et 17 juin.
Mohammed Morsi, l’inconnu
C’est la première fois que les 50 millions d’électeurs égyptiens élisent librement leur président. Un privilège historique dont compte bien profiter Mohammed Morsi, candidat des Frères musulmans, mais seulement deuxième choix derrière Khairat al-Chater, discrédité par la commission électorale. Ce qui n’a pas empêché la confrérie islamiste de peser de tout son poids pour imposer le candidat Morsi, inconnu du grand public, en activant son réseau militant très développé. Loin d’être favori dans les sondages, Mohammed Morsi a profité de la large victoire de son parti aux élections législatives de janvier (47% des sièges) pour imposer sa candidature à l’investiture suprême.
Ahmad Chafiq, l’héritier
Son adversaire potentiel, Ahmad Chafiq, dernier Premier ministre d’Hosni Moubarak, est un militaire de l’ancien régime. Il a gravi les échelons tout au long de sa carrière jusqu’à accéder au ministère de l’Aviation en 2002. Nommé Premier ministre pendant les insurrections de la place Tahrir, il occupe le poste pendant un mois avant de démissionner. Considéré comme un digne successeur d’Hosni Moubarak et un dépositaire du pouvoir du CSFA en place, il a d’abord été écarté de la course par la commission électorale en raison de ses responsabilités politiques sous l’ère Moubarak, avant d’être finalement réintégré. Il a mené campagne sur la sécurité et la stabilité, deux thèmes chers aux Égyptiens après quinze mois sans président et des problèmes économiques substantiels.
Les oubliés de la place Tahrir
Alors qu’ils ont mené la révolution pendant près de six mois, d’abord durant dix-huit jours pour renverser Hosni Moubarak, puis ensuite pour obtenir des réformes économiques et sociales, les révolutionnaires de la place Tahrir ne parviennent pas à se rassembler derrière un candidat. La seule ligne de conduite qui ressortait était l’opposition totale à un gouvernement islamique ou aux anciens du régime Moubarak. Les résultats annoncés sont donc un échec sans précédent pour les révolutionnaires. Ils ont d’ailleurs été avertis par le CSFA qu’en cas de contestation du scrutin, les militaires protègeraient à n’importe quel prix « la légitimité institutionnelle » de l’élection présidentielle.
Laure Gamaury
(Sources : AFP, lefigaro.fr)
Crédit photo : AFP
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