« La réforme des retraites de 2013 sera-t-elle aussi préjudiciable aux femmes que l’ont été les précédentes ? » : telle est la question que se pose les membres d’Osez le féminisme !, inquiètes de voir se creuser les inégalités hommes-femmes à travers le départ à la retraite. Le collectif a ainsi lancé ce mardi sa campagne intitulée : « Ne battons pas en retraite, battons-nous pour nos retraites ». « Cela faisait plusieurs mois que nous réfléchissions à faire une campagne sur la précarité des femmes, qui sont majoritaires parmi les bas salaires, les temps partiels, le travail intérimaire », explique Clémence Helfter, d’Osez le féminisme !. Après s’être mobilisé en 2010 lors de la dernière réforme des retraites, le collectif reprend en main ce cheval de bataille et souhaite saisir cette occasion pour « combler les inégalités entre hommes et femmes ». Et rappeler la réalité des inégalités femmes-hommes au moment de la retraite : une différence de 42 % en moyenne entre les pensions des femmes et celles des hommes ; un quart des femmes travaillant jusqu’à 65 ans ou plus pour ne pas subir de décote contre 15 % des hommes ou encore deux retraités pauvres sur trois qui sont des femmes.
La campagne initiée par OLF est également accompagnée d’un appel publié dans Libération, signé par trente-cinq femmes engagées, parmi lesquelles on retrouve l'anthropologue Françoise Héritier, la sociologue Danièle Kergoat, l'historienne Florence Montreynaud, la chanteuse Agnès Bihl et des militantes d'Osez le féminisme !, des Insoumises ou encore de la ligue des droits de l'Homme. « Nous refusons les propositions qui visent à retarder le départ à la retraite et à diminuer le montant des pensions, à l’instar de l’allongement de la durée de cotisation ou de la désindexation des pensions sur l’inflation. Ces orientations, dans la continuité des réformes menées ces vingt dernières années, ne feront que creuser les inégalités femmes-hommes », affirment-elles dans ce texte.
Parmi les propositions avancées : « la lutte contre le temps partiel subi, contre le déficit de reconnaissance des métiers féminisés dévalorisés tant socialement que financièrement ou encore contre la pénurie de places en crèche ». « La priorité est de lutter contre les inégalités professionnelles tout au long de la vie active, qui se démultiplient au moment de la retraite », souligne Clémence Helfter, qui le rappelle : « Le temps partiel concerne une femme sur trois », or « un temps partiel signifie un salaire partiel et une retraite partielle ». « Il faut permettre aux femmes de cotiser davantage, c’est fondamental », commente-t-elle. Autre revendication : la suppression de la décote. « Il s’agit d’une double peine pour les femmes, qui valident en moyenne beaucoup moins de trimestres que les hommes », assure Mme Helfter. Enfin, pour les retraitées d’aujourd’hui, OLF souhaiterait voir revalorisées les basses pensions et les minimas de pension. « C’est fondamental, il est indécent de constater que 2 retraités pauvres sur 3 sont des femmes, qui vivent avec moins de 700 euros par mois. Or ce n’est pas une fatalité, c’est une question de choix politique », assène Clémence Helfter.
Le projet de loi sur la réforme des retraites, porté par la ministre Marisol Touraine, devrait être proposé fin septembre.
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