L'opération pour une « hypertrophie bénigne de la prostate », qu'a subi François Hollande, en février 2011, quelques semaines avant que l'actuel président de la République se déclare candidat à la primaire socialiste n'en finit plus de faire parler. Si le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault a rappelé , mercredi 4 décembre sur RTL, que François Hollande « n'était pas Président quand il a eu cette petite opération bénigne » et évoqué « une dérive » face à des informations « qui révèlent de la vie privée », d'autres, à l'image de l'éditorialiste Christophe Barbier, se sont empressés de dénoncer « l'omerta » qui règne autour de la santé du président de la République.
Depuis la mort de Georges Pompidou en 1974, de la maladie de Waldenström, un mal resté secret d'Etat jusqu'au décès du Président, la santé des locataires de l'Elysée est un sujet ultra-sensible. Ainsi, François Mitterrand, décédé en 1996 d'un cancer de la prostate métastasé dans les os, aura cachée sa maladie durant deux septennats.
Chantre du changement et d'une « présidence normale », François Hollande s'était engagé lors de son élection a publié un bulletin de santé tous les six mois. Or, depuis l'arrivée 55 rue du Faubourg Saint-Honoré de l'ex-président du Conseil général de Corrèze, seuls deux bulletins laconiques ont été rendus publics en juin 2012 et en mars 2013. Ceux-ci ne font aucunement mention de son opération de la prostate et le prochain point santé présidentiel n'est programmé que pour l'été 2014. « Tous les présidents ont menti sur leur santé », affirme Laurent Léger, co-auteur, avec Denis Demonpion de Le dernier tabou: révélations sur la santé des présidents (Pygmalion).
Pompidou : le silence face à la maladie
Même si aucun texte n'oblige le Président à communiquer sur sa santé, le cas de Georges Pompidou, emporté, le 2 avril 1974, à 62 ans, d'une forme de cancer de la moelle osseuse et resté silencieux sur sa maladie, a profondément marqué l'opinion public. Valéry Giscard d'Estaing, avait promis de publier régulièrement des bulletins de santé, il ne le fit jamais.
02/04/1974 ORTF décès Pompidou par scoreboard
Les bulletins de santé falsifiés de François Mitterrand
Le cas de François Mitterrand, atteint d'un cancer de la prostate dès novembre 1981, illustre le tabou qui entoure la santé du chef de l'exécutif. L'ex-Président a ordonné durant 11 ans à son médecin personnel, Claude Gubler, de falsifier les bulletins de santé qu'il avait promis de publier. Le bulletin de 1981, n'évoque qu'une banale « arthrose », un mal « relativement fréquent chez les sujets qui n'ont plus vingt ans » (sic). Ce n'est qu'en 1992 que l'opinion publique apprendra que le Président a été opéré d'un cancer de la prostate. Claude Gubler confiera dans « Le grand secret » que François Mitterrand n'était plus en état d'assurer ses fonctions dès 1994. L'ancien chef de l'Etat décèdera le 8 janvier 1996, moins d'un an après la fin de son second septennat.
L'AVC du Président Chirac
Jacques Chirac, aujourd'hui atteint d'une forme d'Alzheimer et opéré pour une défaillance rénale il y a quelques jours, a connu un accident vasculaire cérébral en septembre 2005, lors de son second mandat. Le président de la République avait dû être hospitalisé, dans le plus grand secret, pendant une semaine à l'hôpital du Val-de-Grâce. Le Premier ministre, Dominique de Villepin, s'était chargé de la communication, assez floue. L'ancien président de la République avait promis en 1995 de «donner toute information significative sur son état de santé» mais avait refusé de communiquer des bulletins réguliers, au nom du principe du respect de la vie privée. Même après la fin de ses douze ans passés à la tête de l'Etat, Jacques Chirac a continué à démentir toutes les rumeurs sur son état de santé.
Sarkozy et le mini-séisme du malaise vagal
Nicolas Sarkozy, qui tranchait de ses prédécesseurs par sa jeunesse, avait promis un bulletin de santé par semestre, pour finalement n'en publier que trois en cinq ans. « Celui d'août 2010 étant bidon puisque non signé par un médecin », précise Laurent Léger. Le malaise vagal dont avait été victime, en 2009, le Président qui aimait afficher sa bonne condition physique devant les caméras avait provoqué un mini-séisme politique.