Gisèle Halimi, Aretha Franklin, Françoise Héritier et Miriam Makeba. Voilà quatre femmes iconiques, engagées, inspirantes. Ces figures, la Seine-Saint-Denis leur rend hommage dès septembre 2019, avec l'inauguration de quatre nouveaux collèges publics portant leurs noms. On ne compte plus le nombre d'établissements griffés d'un blaze masculin. Mais aujourd'hui, comme le chantait la magistrale Franklin, A change is gonna come...
Aretha Franklin à Drancy. Françoise Héritier à Noisy-le-Sec. Miriam Makeba et Gisèle Halimi à Aubervilliers. Voilà pour le panorama. Une initiative salutaire que ces mises à avant, à même d'inspirer les collégiennes qui d'ici quelques semaines viendront sur les bancs de ces établissements noircir les pages de leurs cahiers. Et ce n'est pas la première fois que la Seine-Saint-Denis éclaire les rôles-modèles féminins : qu'il s'agisse de la résistante et ethnologue française Germaine Tillion, de la philologue et essayiste Jacqueline de Romilly ou encore de la réalisatrice islandaise Sólveig Anspach, toutes ont eu droit à l'ouverture d'un collège à leur nom dans le 93.
C'est une démarche à long terme qui se poursuit, comme le rappelle le journal du département en ravivant ses mots du Président du Conseil départemental Stéphane Troussel : "Nous donnons désormais systématiquement des noms de femmes à tous les nouveaux collèges que nous construisons afin de contribuer à faire changer les mentalités. L'Histoire a également été façonnée par les femmes, et nos bâtiments publics doivent eux aussi en témoigner". Et quelle(s) histoire(s) ! Celle de la Reine de la soul music d'abord, qui n'a cessé de lutter pour le respect des droits civiques et l'émancipation des minorités opprimées. Cette oppression, l'anthropologue féministe Françoise Héritier la passait au peigne fin avec érudition et (im)pertinence. Nous devons à ce grand nom du Collège de France des essais aussi majeurs que La domination masculine, Masculin / Féminin et La différence des sexes. Des travaux nécessaires pour renverser les idées reçues sur le genre.
Ses idées, la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba les brandissait comme des slogans contestataires. Farouchement opposée aux lois discriminatoires de l'Apartheid, l'artiste fut autant saluée pour son talent créatif que pour ses convictions politiques. Son nom rime avec indépendance et liberté. Des concepts qui ne seraient pas pour déplaire à l'avocate franco-tunisienne Gisèle Halimi. Défenseuse de la justice et du droit à l'avortement, autrice de l'essai La cause des femmes, Halimi fut l'une des signataires du Manifeste des 343 initié par Simone de Beauvoir en 1971. Féministe, Halimi dénonce très tôt les abus de l'armée française durant la guerre d'Algérie, et, au gré des affaires, défend peuples opprimés et condition féminine en gardant à l'esprit une injonction, titre de l'un de ses ouvrages : Ne vous résignez jamais.
Bref, celles qui hantent de leur mémoire la Seine-Saint-Denis d'aujourd'hui sont des femmes inspirantes "qui ont su changer le cours d'une vie toute tracée", s'enthousiasme le magazine d'informations départementales. En bousculant volontiers celui d'une société en manque de révolutions. Des exemples pour les futur·e·s élèves.