A seulement 20 ans, Serena Isioma fait déjà remuer les têtes des centaines de milliers de fans à travers le monde. Son EP The Leo Sun Sets est venu conclure une année 2020 des plus maussades et anxiogènes. L'occasion pour les néophytes de découvrir l'univers musical de cet·te artiste afro-américain·e et non-binaire : un doux mélange d'indie pop funky en diable et de hip hop qui donne envie de se trémousser, même entre quatre murs.
Les titres de ses chansons, qui s'imposent doucement dans l'esprit des habitués des plateformes de streaming (type Spotify) donnent une petite idée de son univers musical : les intitulés solaires à souhait (Blue Sky, I'm Feel Fantastic) côtoient des évocations bien plus ombrageuses (Why Am I So Toxic, Stop Calling The Police On Me), comme l'aperçu d'une humeur globale en phase avec toute une génération, à la fois inquiète et pleine d'espoir – surtout en temps de pandémie. Génération dont Serena Isioma est l'une des voix enthousiasmantes.
Portrait d'une future star insaisissable.
Serena Isioma est une "rockstar non-binaire", pour reprendre les propres mots de l'artiste – dont l'oeuvre n'a pourtant pas grand-chose de rock, si ce n'est son énergie électrisante. Nigérian·e-américain·e, Serena Isioma oeuvre depuis deux bonnes années à Chicago. Ce sont les retours positifs suscités par la diffusion de ses premiers sons sur Spotify en 2019 - comme le très soul Valentina - qui l'ont incité·e à poursuivre sur cette voie, et à sortir l'année suivante (déjà) son premier EP : Sensitive. Un mini-album qui a fait sensation grâce à son morceau-titre, rap et groovy à souhait, relayé par plus de 90 000 utilisateur·e·s de la plateforme sociale TikTok. Rien que ça.
Pour le site musical American Song Writer, la musique de Serena Isioma est aussi fraîche qu'audacieuse. En partie car elle propose une fusion adéquate entre la musique lo-fi (ces sons vaporeux dont les compiles cartonnent sur YouTube) et le hip hop, tantôt spleenétique, tantôt déchaîné. La revue en ligne compare même ses expérimentations musicales plurielles à celles de Frank Ocean, le rappeur avant-gardiste qui, lui aussi, aime à bousculer les lignes, les normes et les attentes d'autrui. La productivité de l'artiste (deux EP en deux ans à peine, excusez du peu) et ses ambitions lui valent déjà une reconnaissance critique certaine.
Ainsi des médias reconnus comme le site culturel Complex n'hésitent déjà plus à l'affirmer : "Serena Isioma est naturellement cool et sa voix soul dépasse les limites du genre". Amen.
Pour Serena Isioma, la musique semble être un reflet de la vie, et notamment des révolutions qui caractérisent notre époque, et plus encore la jeunesse qui l'écrit. C'est pour cela que l'artiste revendique publiquement sa non-binarité, à savoir son refus d'être assigner à une identité et aux injonctions qui l'accompagnent, et promeut dans ses EP une déconstruction des genres musicaux.
En somme, peu importe que l'on définisse son art comme étant funk, rock ou pop. Pour iel, seules les vibrations comptent. Une approche aussi politique que mélodieuse en somme. Et joyeusement fédératrice.
Dans cette discographie naissante, les genres s'enlacent tout comme les émotions, volontiers contradictoires. Une personnalité retranscrite avec clarté sur son compte Instagram, où ses portraits sont tantôt méditatifs tantôt feelgood, emplis de sourires, de couleurs claires et de poses délibérément relax. De ses chansons à la relation qu'iel noue à ses 25 000 followers, Serena Isioma revendique une forme de douce désinvolture qui fait beaucoup de bien en ces temps confinés. Sa musique tend d'ailleurs à nous offrir une forme d'évasion nécessaire.
Evasion particulièrement nette dans sa dernière chanson (d'amour, mais surtout de rupture) à succès : Meadows in Japan. Rien que le titre donne des envies d'ailleurs. Et le reste suit : un air entêtant, un clip qui fait rêver, une mélancolie qui semble se propager au fil des sonorités aériennes. Et un petit quelque chose d'indéfinissable, aussi. D'ailleurs, quand un internaute charmé demande sur YouTube "à quel genre musical" appartient ce morceau, l'artiste lui répond du tac au tac "Fuck the genre". On ne peut guère être plus clair·e.
"J'ai tellement à faire encore. Je me considère davantage comme un directeur créatif ou une directrice créative en général. En tout cas, je mets mon âme dans tout ce que je propose. Peu importe ce à quoi cela ressemble au final, cela doit vous faire ressentir quelque chose, quelque chose de beau", explique l'artiste au site Complex.
Une note d'intention limpide, des titres qui s'écoutent en boucle et une quête de beauté donc. A suivre de très très près.