Il était perché depuis près de 4 jours sur cette grue jaune nantaise qu’il avait taguée de ces mots : « sauver nos enfants de la justice ». Serge Charnay, papa divorcé, avait également tendu une banderole indiquant « Benoît, deux ans sans papa ». Il est finalement redescendu de son perchoir à quarante mètres du sol lundi 18 février, peu avant 18h30, et ses premiers mots sont cassants : « Je me casse, j'ai autre chose à faire. On se fait encore balader par des femmes ministres qui n'en ont rien à foutre des pères ». Avant d’ajouter, face aux médias qui l’attendaient sous la grue : « On (les papas, ndlr)) n’est pas crédibles, ces bonnes femmes pensent que l’on ne peut pas changer une couche ». Une attaque directe aux deux ministres qui s’étaient saisies de l’affaire, Christiane Taubira la Garde des Sceaux et Dominique Bertinotti, ministre de la Famille, et qui avaient reçu les associations de défense des pères séparés. Mme Bertinotti a jugé les propos de M. Charnay « dommageables pour la cause qu’il défend» et estimé qu’il tentait de rallumer « une guerre des sexes ».
Pourtant, en quelques jours, ce père de famille de 43 ans avait réussi à s’attirer l’intérêt des médias et à mobiliser autour de sa cause de nombreuses associations, comme SOS papa, dont il est membre. Reste que le trouble autour de son identité et de ses revendications n’a cessé d’augmenter au fil des jours. C’est d’abord maître Sandrine Caron, l'avocate de la mère de son enfant, qui a levé le voile. Selon elle, Serge Charnay est le « seul responsable » de la dégradation de ses droits parentaux. « Son prétendu combat ne doit pas être confondu avec celui de nombreux pères injustement éloignés de leurs enfants », a-t-elle fait savoir dans un communiqué publié lundi soir. Elle estime ainsi que M. Charnay « conteste toute légitimité à la justice et aux juges si l’on en croit ses déclarations actuelles » et souligne que la question « de ses droits sur son fils dépend de la seule compétence du juge aux affaires familiales qu’il refuse de rencontrer ». « Jusqu’aux menaces d’enlèvement qu'il a formulées, la mère s’est toujours attachée à ce que le droit d’accueil élargi de Serge Charnay soit scrupuleusement respecté », précise l'avocate. Selon des sources judiciaires, ce père est en effet séparé de son fils depuis deux ans à la suite d’une condamnation pour « soustraction d’enfant ». Il aurait ainsi tenté à deux reprises d'enlever son fils. La première fois, en 2010, il disparaît pendant quinze jours, avant d'être retrouvé par la police dans un hôtel de Bordeaux. La seconde fois, en 2011, il part en cavale avec le petit Benoît, avant que les gendarmes ne les retrouvent en Ardèche, après deux mois et demi d’absence. Suite à ces actions, M. Charnay avait écopé d’un an de prison, dont quatre mois ferme, et s’était vu retirer l'autorité parentale.
Autant de nouvelles données qui ont surpris les médias qui s’étaient rapidement emballés autour de la cause de ce papa. Côté politique, on frôle également le cafouillage. Jean-Marc Ayrault est ainsi vivement critiqué par l’association Osez le féminisme qui s’indigne de voir que le Premier ministre a demandé à ses ministres Christiane Taubira et Dominique Bertinotti, de recevoir l'association SOS Papa. « SOS Papa est une association réactionnaire, lesbophobe et antiféministe qui fustige le mariage pour toutes et tous en parlant d’un « lobby lesbio-féministe » », dénoncent dans un communiqué les membres d’Osez le féminisme. « Abasourdie par l'audience qui leur est accordée », les féministes ne décolèrent pas. Et en profitent pour critiquer M. Ayrault qui marche selon elles dans les pas de Nicolas Sarkozy en appliquant la logique « Un fait divers, une loi ». « Alors que le Premier ministre moquait le « un fait divers, une loi » de Nicolas Sarkozy, nous ne comprenons pas pourquoi il fait de ces deux cas individuels un enjeu de politique publique », soulignent-elles.
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