"Les vêtements sages que portent les jeunes filles diminuent les besoins diaboliques des hommes qui aiment les violenter. Il est donc du devoir des parents de mettre leurs filles sur le droit chemin pour les éloigner des vêtements qui attirent."
Ces mots à peine croyables qui relèvent purement et simplement du victim-shaming (le fait de blâmer la victime plutôt que son agresseur pour un crime qu'il a commis) ont été mis en ligne le 12 avril par le ministère de l'Education du Madagascar et accompagnés d'une illustration d'une jeune femme en mini-robe, souriante et portant du rouge à lèvres.
Le but ? Eviter les agressions en demandant aux femmes de ne pas porter de vêtements courts ni décolletés - puisqu'il s'agirait de la source de leur malheur. Des allusions qui ont révolté beaucoup de Malgaches, dont la réaction a été immédiate.
Sur les réseaux sociaux, elles ont décidé de prendre le contre-pied de cette publication en se prenant en photo habillées de robes courtes, tenues qui correspondent à ce que le ministère de l'Education nationale du pays juge indécentes, sous le hashtag #MaJupeMonDroit. Rapidement, une pluie de clichés est apparue, notamment sur Instagram.
La colère a été telle que les contenus sont vite devenus viraux, et que le ministère a décidé de faire machine arrière le lendemain, en supprimant la publication et en postant une lettre d'excuse qui "condamne fermement la diffusion d'une telle image".
On peut y lire : "Tout en reconnaissant que le fait de relier le port d'une tenue vestimentaire quelconque par une fille ou une femme à la probabilité d'une violence sexuelle perpétrée contre elle n'est pas la meilleure façon de sensibiliser sur la nécessité de décence dans l'éducation des enfants malgaches, le ministère partage les préoccupations des uns et des autres et affirme que rien ne peut justifier les agressions sexuelles qui pourraient être commises envers les filles ou les femmes, et encore moins leurs tenues vestimentaires".
En commentaires, les internautes ne semblent pas satisfaits. Une femme écrit :"Focalisez-vous plutôt sur l'éducation des hommes et des jeunes qui font du harcèlement de rue en sifflant ou en insultant, voire qui harcèlent et agressent sexuellement en vous effleurant les fesses".
Une autre pointe à juste titre qu'une fois encore, on ne parle pas des agresseurs : "C'est bien de s'excuser mais il n'en reste pas moins que votre courrier ne comporte encore une fois que la mention des filles et femmes qu'il faut éduquer dans la décence. Et les garçons et les hommes malagasy, vous ne pensez pas qu'ils font partie de l'équation de votre 'décence' et de la réduction des agressions ???".
Une affaire qui rappelle tristement la récente déclaration d'une avocate irlandaise qui estimait que son client n'avait pas violé sa victime puisqu'elle portait un string en dentelle.