"Je te parle comme je veux, ma cocotte". C'est ainsi que s'est exprimé Jean-Yves de Chaisemartin, ancien maire de Paimpol (Côtes-d'Armor), à l'adresse de l'actuelle maire de cette commune française, la socialiste Fanny Chappé. Un échange pour le moins improbable, capté en vidéo, et abondamment relayé sur les réseaux sociaux.
L'interaction pour le moins houleuse s'est déroulée lors du conseil municipal du 26 avril dernier. En plus de son "Je te parle comme je veux ma cocotte", l'élu de l'opposition Jean-Yves de Chaisemartin décoche sur le même ton à son interlocutrice : "Oui maîtresse, non maîtresse. J'ai le droit de répondre maîtresse ou tu vas encore m'empêcher de parler ?". Un certain exemple du sexisme ordinaire en politique - et une peu glorieuse rhétorique.
"On en est encore là en 2021. Être femme maire, c'est aussi vivre cela", dénonce sur les réseaux l'élue, accolant à son message un éloquent mot-clé : #sexisme. Une publication qui a suscité bon nombre de réactions. Mais pas celle du principal incriminé. "Je n'ai pas reçu d'excuses", déplore ainsi Fanny Chappé.
Tout en l'affirmant : "Lutter contre la banalisation des propos sexistes: un combat que je mènerai en tant que qu'élue, citoyenne, maman". Un combat de longue haleine s'il en est.
Loin de s'en excuser d'ailleurs, Jean-Yves de Chaisemartin a poursuivi son exercice oratoire sous une publication Facebook de son opposante politique. Et ce n'est pas vraiment plus fameux. "Cocotte, bibiche, mémère, pépette, poupette... sont autant de surnoms familiers qui n'ont rien d'insultant. Mais juste le niveau de désobligeance qui s'impose à une personne dénuée de légitimité, qui a besoin de se draper dans son indignité pour exister", développe avec assurance Jean-Yves de Chaisemartin. Un curieux argumentaire.
D'autant plus que si l'indignation est du côté de la maire, "l'indignité", elle, semble plutôt désigner Jean-Yves de Chaisemartin dans le cas présent. Cependant, le principal concerné persiste et signe. Sur Facebook toujours, il décoche : "Je ne suis pas insultant. Et parfaitement serein par rapport à mes sarcasmes".
"La commune de Paimpol a l'habitude des conseils municipaux animés voire houleux, des échanges par publications Facebook interposées, du tutoiement facile de l'ancien maire y compris avec les journalistes", détaille de son côté le reporter politique Sylvain Ernault. Un climat "houleux" qui banalise volontiers le sexisme.
"Je ne suis ni misogyne, ni sexiste. J'ai eu une réaction épidermique et méprisante, j'en conviens, mais lors des débats, Mme Chappé m'a coupé la parole et le micro à plusieurs reprises", détaille encore l'ancien maire Jean-Yves de Chaisemartin du côté de France 3 Régions. Avant de conclure : "Je regrette donc mes propos mais j'assume sur le fond. Personne ne sort grandi dans cette affaire". Une formulation des plus ambiguës.