Les sociétés matriarcales sont très rares dans l’espèce humaine. Chez les lézards à queue en fouet, une race qu’on trouve au sud des Etats-Unis et dans le nord de l’Amérique latine, les femmes ont carrément installé une communauté lesbienne, suite à la disparition des mâles, balayés par l’évolution. Malgré un mode de reproduction asexuée, où les ovules font le boulot tout seuls, ces dames continuent de simuler l’acte sexuel en se grimpant les unes sur les autres. Un jeu de rôle semble-t-il indispensable pour stimuler l’ovulation, et peut-être une façon de se souvenir avec nostalgie de la présence masculine ?
Le sexe à plusieurs rebute certains, mais pas cette couleuvre du Canada qui pour se réchauffer organise un tortueux méli-mélo de « caresses reptiliennes ». Une dizaine de bestioles s’enlacent ainsi après la période d’hibernation pour se réchauffer et copuler, attirées par le parfum envoûtant dégagé par une seule femelle, chargée de phéromones. À force de préliminaires, un seul mâle sort victorieux de cette orgie et parvient à pénétrer la belle endormie – si elle n’a pas été étouffée par la masse de ses prétendants. Les moins chanceux n’ont qu’à aller se rhabiller puisque le gagnant aura placé un bouchon de sperme pour protéger sa conquête.
C’est le libertin par excellence ! Dès l’adolescence le bonobo entame les préliminaires, et au moment de sa maturité sexuelle, vers l’âge de 13 ans, il est ouvert à toutes les expériences. Cette espèce de chimpanzé qui vit au Congo est la seule connue qui varie les positions sexuelles et les partenaires autant que possible. En fait, dans cette société pacifiste, le sexe est un langage qui apaise les conflits. On s’embrasse, on se touche (fellation et masturbation font partie de la fête), et on copule entre mâles et femelles, sans aucune réserve. Les scientifiques ne parlent même plus d’homosexualité, mais de « pansexualité » !
Dans le langage des hommes, elle serait vite cataloguée comme la nymphomane de la bande. La femelle antilope topi est une harceleuse lorsqu’elle est en période d’ovulation. Pendant 24 heures, la coquine saute sur tout ce qui bouge, agressant ses proies sexuelles et se battant contre ses rivales. Avec une dizaine de rapports dans la journée sur quatre ou cinq partenaires, tout est bon pour rentabiliser le pic de fécondité et parvenir à enfanter.
C’est lui qui a tout compris. Ce séducteur qui enlace sa queue à celle de son amoureuse n’est pas seulement un tendre fidèle, c’est aussi un papa modèle. Après avoir conquis une femelle, le mâle la dorlote quelques heures, puis les amants se rapprochent ventre à ventre, et celui-ci ouvre sa poche abdominale pour que la belle y dépose ses œufs. Le mâle hippocampe assume seul une grossesse d’un mois et accouche dans la douleur –contractions à l’appui- d’une centaine de mini hippocampes.
Beaucoup plus intime que le sexe, l’échange de salive n’est pas l’apanage de l’espèce humaine. Le gourami cultive l’art du baiser mouillé en toute occasion, entre amis, amants, voire entre ennemis. Ce poisson d’eau douce le plus souvent de couleur rose passe son temps à coller sa « bouche » sur celle de ses semblables, mais, paradoxalement, n’a pas besoin de contact sexué pour se reproduire.
Pour rendre son amoureux accro, la hérissonne met à l’épreuve son endurance, et laisse son prétendant s’époumoner et se trémousser dans sa parade de séduction. Lui qui a déjà affronté ses rivaux à coup de pattes émet des bruits censés séduire sa belle, lui fait du « nez » tout en reniflant et en urinant. Il se met ensuite à faire la ronde autour d’elle, lèvres retroussées, et doit s’attendre à recevoir de violents coups de pattes de celle-ci. Ce manège peut durer des heures avant que la dame ne se laisse prendre. Elle soulève alors son bassin, monsieur hérisson s’accroche à son arrière-train, et introduit son pénis dans l’orifice vaginal. La fécondation n’a rien d’automatique, et quoi qu’il arrive la hérissonne finira seule, avec ou sans petits, pendant que son amant l’abandonnera pour continuer sa route.
Le lézard noir des îles Galapagos sait qu’il n’a pas tout pour lui du fait de sa petite taille, face aux grands, préférés des femelles. Il optimise donc ses chances de coït en se préparant physiquement à leur sauter dessus. Pour gagner un temps précieux il se masturbe, en se cambrant dans une position qui provoque l’excitation, et dès qu’il est prêt à éjaculer, il grimpe sans crier gare sur une proie distraite. Vite fait bien fait.
Déjà redoutables sur la maîtrise du kama-sutra – elles font l’amour tête en bas, pendues par les pattes -, les chauve-souris femelles se plient littéralement en deux pour faire plaisir au mâle en train de les pénétrer, lui offrant très fréquemment une fellation en bonne et due forme à la base du pénis. Cette gratification leur permet de lubrifier leur vagin et de maintenir l’érection, et d’augmenter ainsi leurs chances d’être fécondées. On n’a rien sans rien…
Sans doute le plus romantique des animaux, le castor est monogame et ne quitte plus son/sa partenaire une fois la relation consommée. Ce rongeur semi-aquatique préfère copuler la nuit, rejoignant la femelle assoupie et flottant sur le ventre, il la prend par le côté et s’appuie sur sa queue pour la pénétrer. Ils resteront ensemble toute leur vie, élevant leurs petits dans le nid familial jusqu’à leurs deux ans. À la mort de leur moitié, certains refont leur vie, mais d’autres, inconsolables, restent seuls jusqu’à la fin.
L'amour bestial, de Caroline Lepage, Editions du Moment, 18,50 euros.