Le baiser esquimau est l'un des plus connus, mais aussi l'un des plus atypiques ! Tout au Nord de la Russie, du Canada, mais aussi en Alaska, les Inuits ont une manière bien à eux de se prouver leur amour. Au lieu du traditionnel baiser lèvres contre lèvres, les Esquimaux amoureux n'hésitent pas à se renifler avec un baiser nez contre nez. Un baiser qui pourrait passer pour très mignon... si les Esquimaux ne se badigeonnaient pas d'une substance peu ragoutante. Dans sa Petite Encyclopédie du Baiser (éd. Du Devin), le psychologue et psychothérapeute Jean-Luc Tournier explique : "Très peu d'explorateurs ont tenté l'expérience [du baiser inuit, ndlr], sans doute rebutés par l'odeur, puisque ce rude peuple s'enduit le corps de graisse de poisson rance [...] On peut être un explorateur courageux sans être téméraire !" Les Esquimaux ne sont pas les seuls à se frotter tendrement le nez pour se dire "je t'aime" : à l'autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, les Maoris font de même, ainsi qu'en Polynésie.
Si le fameux "baiser à la française" est aussi célèbre dans le monde entier, c'est sans doute parce qu'il est le plus sensuel. Et même le plus érotique. Pratiquer le French kiss consiste à embrasser son partenaire en touchant ses lèvres avec sa langue, voire à la faire pénétrer dans sa bouche. Aux États-Unis d'ailleurs, se faire un "French kiss" équivaut à se faire un "baiser amoureux". C'est dire si la symbolique du French kiss est importante ! Mais pourquoi donc "le patin" est-il réputé pour être l'apanage des Français ? Notre spécialiste sexo Sophie Bramly rapporte que notre réputation de "French lover" remonterait à la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle les soldats américains auraient pu "goûter" aux moeurs françaises et ainsi tester le fameux baiser. Une pratique qu'ils auraient ensuite rapportée dans leurs valises puisqu'aujourd'hui, le French kiss est surtout pratiqué au cinéma. Jean-Luc Tournier note d'ailleurs que "venu d'Europe avec les pionniers, le baiser a trouvé en Amérique du Nord une seconde patrie. L'Amérique, et Hollywood en particulier, a été le meilleur agent de relations publiques du baiser grâce au cinéma".
Il existe en Afrique presque autant de baisers que de peuples différents, et tout autant de symboliques liées à cette pratique. En Afrique du Nord, le baiser est une marque de respect social. Au Maroc, chez les Berbères, il est commun d'embrasser son aîné sur la main puis sur le front en témoignage de son estime. En Afrique noire, chaque tribu accorde au baiser une signification particulière. Ainsi, chez les Thongas du Monzambique, le baiser est un acte bestial et dégoûtant, tandis que dans certaines tribus du bord du Niger, il est tout simplement interdit. Quant aux Guinéens, il ne connaissent tout simplement pas le baiser ! Jean-Luc Tournier livre à ce sujet une anecdote : "Les Guinéens n'ont jamais autant ri autrefois que devant les langoureux baisers de cinéma. Dans les salles obscures de Conakry, le public, goguenard, ne comprenait pas que le héros et sa belle se livrent à tant de préliminaires avant de passer à l'acte."
En Russie aussi, le baiser est toute une histoire. Lorsque l'on dit que l'on " s'embrasse à la russe ", cela équivaut bien à un baiser sur la bouche. Pourtant, celui-ci n'a bien souvent rien d'intime et encore moins d'amoureux. Il s'agit d'un baiser fraternel, symbole de paix, qui, jusqu'à aujourd'hui, faisait partie des moeurs de la Russie. On se souvient ainsi du fameux baiser échangé entre Leonid Brejnev et l'Allemand Erich Honecker en 1979, symbole d'amitié entre l'URSS et l'Allemagne de l'Est. Pourtant, ce baiser traditionnel est aujourd'hui menacé. Considéré comme une "propagande de l'homosexualité", la Douma, la chambre basse du Parlement en Russie, a déposé une loi pour interdire ces longues embrassades en public. Si celle-ci était adoptée, s'embrasser dans la rue pourrait être interdit dès janvier 2014 et être passible d'une amende.
À Bali, comme chez les Inuits, le baiser est avant tout olfactif. Pour se montrer que l'on s'aime, on colle son visage contre celui de son partenaire, afin de sentir son odeur et sa chaleur. Une exception toutefois : la fête de Med-medan, qui se déroule le lendemain du Nouvel an hindou, dans le Sud de Bali. Durant cette célébration rituelle, destinée à éloigner les mauvais esprits pour l'année à venir, les jeunes Balinais se rassemblent en deux groupes, l'un composé de filles, l'autre de garçons. Chacun des groupes choisit un garçon et une fille qu'ils portent et amènent vers celui de l'autre groupe. Les deux jeunes gens sont ensuite invités à s'embrasser (sur la bouche) en public.
Avez-vous déjà remarqué que dans les productions bollywoodiennes, les deux héros qui s'expriment leur amour en chanson ne s'embrassent jamais ? C'est parce qu'en Inde, le baiser est un acte foncièrement tabou, qu'il est surtout interdit de pratiquer en public. Considéré comme ultra-choquant, et en particulier devant une caméra. Le baiser peut même provoquer la censure du film.
Mais l'Inde n'est pas le seul pays où s'embrasser en public est une atteinte à la pudeur. C'est aussi le cas du Japon et de la Chine, même si les moeurs occidentales ont, dans certaines régions des deux pays, pris le pas sur les coutumes ancestrales. En Chine, s'embrasser a longtemps été considéré comme une partie intégrante de l'acte sexuel : s'embrasser en public est donc considéré comme très déplacé.
Chez certains peuples enfin, le baiser peut revêtir des formes pour le moins surprenantes. C'est le cas, par exemple, des Papous en Nouvelle-Guinée. Plutôt qu'un simple baiser sur les lèvres, les amoureux préfèrent se prouver mutuellement leur amour en pratiquant le Mitataku : on se coupe les cils avec les dents. Autre pays, autre coutume !