De l'anglais, nous pouvons traduire un grand nombre de mots ou d'expressions : french bread (la baguette), french letter (préservatif), french fries (frites), french toast (pain perdu), french bed (lit en portefeuille), french dressing (sauce de salade), to french (couper fin), etc. Une exception cependant : impossible jusqu'à cette année de traduire french-kissing, autrement que dans des circonvolutions de langage.
Si les Anglo-Saxons désignent ainsi le baiser avec la langue, c'est que la légende veut qu'au siècle dernier, des soldats américains aient apprécié les mœurs françaises... Probablement de la même façon avions-nous adopté autrefois – puis abandonné - le terme de « baiser florentin », dont l'origine est attribuée à Napoléon Bonaparte.
Depuis, la population française, ne pouvant mettre un mot sur ses actions, s'est retrouvée face à trois options :
- se résigner à ne rien dire,
- utiliser – très peu - le « baiser lingual », dont la connotation est tout sauf érotique
- se contenter de l'argot, qui offre un vaste éventail de possibilités : rouler une pelle, claquer une galoche, faire une langue, rouler un patin…
Cette année, le Petit Robert a décidé de combler cette lacune introduisant officiellement un nouveau mot dans notre vocabulaire pour qu'enfin en français aussi la chose puisse se dire. « Galocher » vient donc d'entrer dans la nouvelle édition de leurs célèbres dictionnaires. Une personne à la direction de ce monument dédié à notre langue avoue, nous n'avions rien mais nous évoluons. La langue ne sert pas que le langage, mais nos amours aussi.
La galoche, qui est aussi une chaussure en cuir à semelle de bois, ou la forme d'un menton trop pointu, est maintenant aussi le mot juste pour faire la chose. Pourquoi avoir choisi un mot si peu poétique, l'histoire ne le dit pas.
Nous voilà toutefois mieux lotis que d'autres cultures, qui ne connaissent pas le baiser. Et nous profitons, sans le savoir, de ses multiples avantages : le baiser avec la langue permet, d'un point de vue génétique, de vérifier la compatibilité des systèmes immunitaires afin de bien assurer sa descendance. Il permet aussi à l'homme de transmettre des traces de testostérone qui font monter le taux chez sa partenaire et imperceptiblement font monter son désir. Enfin, pour le psychologue évolutionniste Gordon Gallup de l'Université d'Albany (U.S.A), 59% des hommes et 66% des femmes ont mis fin à une relation à cause d'un baiser trop décevant. Pour lui, c'est surtout l'effet de notre odorat, alors qu'inconsciemment nous recevons des informations négatives sur son ADN ou son statut reproductif.
Toutes les raisons d'embrasser sont bonnes et, quel que soit le mot, il faut continuer à faire la chose...
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French kiss : petite histoire du baiser à la française
Publié le 15 juin 2013 à 09:00
« Galocher » faisait le mois dernier son entrée dans le dictionnaire comblant enfin une honteuse carence linguistique. Adieu « french kiss », Le baiser français a bien un nom français. L'occasion d’entendre notre experte sexo Sophie Bramly nous parler du patin national.
French kiss : petite histoire du baiser à la française© Hemera
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