Les groupes de travail sont plus en plus privilégiés par les entreprises, qui y voient un bon moyen de créer une émulation intellectuelle entre ses membres et de favoriser leur créativité. Pourtant, il semblerait que l'intelligence collective résultant du travail en groupe dépende d'une subtile alchimie entre trois éléments clés, affirment des scientifiques. Dans un article publié le 16 janvier dernier dans le New York Times, des chercheurs du MIT, de Carnegie Mellon et de l'Union College affirment que les groupes de travail qui s'avèrent les plus efficaces ne sont pas, comme on pourrait le croire ceux qui comptent le plus de personnes intelligentes.
C'est même le contraire. « Lorsque le conseil d'administration de Facebook applique une nouvelle politique de confidentialité, lorsque les agents de la CIA frappent un terroriste en cavale ou lorsqu'un jury décide de condamner un accusé, ce qui importe ne est pas seulement l'intelligence et la sagesse des acteurs individuels concernés. Des groupes de gens intelligents peuvent prendre tout autant de grandes que d'horribles décisions. »
« Le facteur d'intelligence collective n'est que peu corrélé à l'intelligence moyenne ou maximale des membres du groupe mais est corrélé à la sensibilité sociale des membres du groupe, l'égalité du temps de parole, et la proportion de femmes dans le groupe. »
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié le comportement de 697 étudiants bénévoles, qu'ils ont réparti en équipes de deux à cinq membres. Chaque équipe a ensuite travaillé ensemble pour accomplir une série de tâches courtes censées représenter les diverses sortes de problèmes de logique, de planification ou de raisonnement moral, que les groupes de travail sont appelés à résoudre dans le monde professionnel.
Il s'avère, affirment les chercheurs, que « les équipes comptant le plus de femmes ont surclassé les équipes avec plus d'hommes. En effet, il est apparu que ce n'est pas la "parité" (un nombre égal d'hommes et de femmes dans chaque équipe) qui fait l'intelligence d'une équipe, mais tout simplement le fait qu'il y ait plus de femmes. »
La raison ? D'après les scientifiques, les équipes comptant davantage de femmes seraient plus aptes à « réaliser efficacement un grand nombre de tâches en commun, et ce même lorsque les participant(e)s collaboraient seulement en ligne, grâce à un chat, et ne pouvaient pas voir les yeux ou les expressions des autres ». Parce qu'elles sont plus conciliantes et sensibles socialement, expliquent les scientifiques, mais surtout parce que les femmes sont plus aptes que les hommes à anticiper les besoins du groupe et les attentes de leurs collaborateurs. Si ce n'est pas une autre bonne raison de mieux rémunérer les femmes en entreprise…