Ce vendredi en fin de matinée se sont clos les premiers États généraux du sport féminin. Organisé à Bourges par le club Tango Bourges Basket, l’événement, premier du genre en France, visait à dénoncer le manque de considération pour le sport féminin en France et à tenter d’inverser la tendance. « Dans l’idée, il s’agissait de rassembler les acteurs, dirigeants et partisans du sport collectif afin d’échanger, d’écouter les problèmes de chacun et d’essayer de faire avancer la cause du sport féminin », détaille la basketteuse Céline Dumerc, meneuse et capitaine de l’équipe de Bourges et de l’équipe de France. Parmi les principales difficultés relevées : le manque de médiatisation d’une part et, d’autre part, le désintérêt des sponsors et des entreprises pour les athlètes féminines. « À niveau de performance égal, les équipes féminines et masculines ne jouissent ni de la même visibilité ni des mêmes financements. Inutile de préciser que les hommes sont bien mieux lotis », poursuit la médaillée d’argent aux Jeux Olympiques 2012.
Car qui dit « sport » dit « argent ». Or, le sport féminin a la réputation d’être moins rentable que le sport masculin en raison de performances jugées moins spectaculaires. Pourtant, comme le rappelle Céline Dumerc, « ces dernières années, plusieurs équipes féminines - en handball, football ou, plus récemment, en basket -, ont eu de meilleures résultats que leurs homologues masculins. Preuve que les femmes ont, si ce n’est plus, autant de légitimité que les hommes à être sponsorisées et accompagnées financièrement ». La basketteuse voit aussi dans ce manque d’intérêt une cause culturelle. « En France, on n’a pas l’habitude de voir du sport féminin à la télévision ou dans les journaux, à partir du moment où l’on ne voit pas quelque chose, on ne l’imagine pas », analyse-t-elle. Et d’ajouter : « Il y a six mois, moi-même, je n’imaginais pas qu’il puisse y avoir une équipe féminine de rugby, simplement car je n’en avais jamais vu. » En effet, les disciplines féminines sont quasiment inexistantes dans les médias. « Quand on achète le journal L’Équipe, par exemple, on a entre les mains huit pages de foot et trois pages, les dernières, consacrées à tous les autres sports. Autant dire que lorsqu’elles comportent une ligne sur le sport féminin, c’est presque un exploit », plaisante-t-elle avant de nuancer : « Attention, le but de ces États généraux n’était pas uniquement de se plaindre mais aussi d’entendre et de comprendre les impératifs économiques ou d’audience de nos interlocuteurs, médias et entreprises, notamment. Nous sommes conscients que la révolution ne se fera pas en un jour. Il faudra s’armer de patience ».
Animé par l’ancienne athlète de haut niveau et codétentrice du record de saut en hauteur en plein air, Maryse Ewanje-Epée, épaulée par Fabienne Broucaret, journaliste indépendante et auteur de l’ouvrage Sport Féminin : Le sport, dernier bastion du sexisme, l’événement semble avoir tenu ses promesses. « Fabrice Jouhaud, directeur de la rédaction de L’Équipe, et Céline Géraud, présentatrice de Stade 2 sur France 2, ont répondu présent et accepté de faire face aux critiques », se réjouit la sportive. Outre ces journalistes, la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, Valérie Fourneyron, ministre des Sports, Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif (CNOSF) et Christine Kelly, membre du CSA et présidente de la mission « Sport » avait également fait le déplacement. L’ensemble des débats de ces deux derniers jours seront consignés dans un livre blanc et, « par la suite, ces États se renouvelleront tous les deux ans », a prévenu Pierre Fosset, le président du Bourges Basket, au micro de France 3 Centre. À noter également que pour les prochaines éditions, un volet sur le sport féminin individuel pourrait être ajouté aux discussions.
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