Les poupées Barbie au rayon "filles" généralement rose, les petites voitures au rayon "garçons" généralement bleu. Dans de nombreux magasins encore aujourd'hui, c'est ainsi que sont différenciés et rangés les jouets des plus petit·e·s. Idem pour les vêtements et les articles pour bébés : chacun·e de son côté et les stéréotypes seront bien gardés. Archaïque ? Et comment.
En Californie, une proposition de loi veut justement s'attaquer à ces sections réductrices. Intitulée Assembly Bill 1084, elle stipule que les commerces de plus de 500 employé·e·s seraient tenus de supprimer la signalisation genrée et "de maintenir des zones non divisées de leur surface de vente". Sur le web, même combat : les e-shops qui possèdent des boutiques sur le sol californien devraient eux aussi opter pour la neutralité en ligne. Un projet qui fait suite l'extension par le Congrès des protections des droits civils à la communauté LGBTQ dans le cadre de l'Equality Act, et à l'annonce de Hasbro de dégenrer le célèbre Monsieur Patate.
"Il est vraiment important que les jouets et les sections pour enfants soient neutres afin de leur donner autant d'opportunités de s'épanouir, de se développer et d'être créatifs", estime Cristina Garcia, membre de l'assemblée co-autrice du projet de loi, dans une interview pour USA Today. "Nous devrions permettre à nos enfants d'explorer et d'essayer différentes choses et les laisser arriver à leur propre conclusion sur la façon dont ils s'identifieront". Et non continuer de les soumettre à une vision binaire ravageuse.
Ancienne professeure de mathématiques, Cristina Garcia se rappelle d'un souvenir pertinent. Petite fille, alors qu'elle voulait jouer avec des Lincoln Logs (un jeu de construction de chalet en bois), elle s'est déjà sentie découragée par le fait qu'ils étaient considérés comme un "jouet de garçons", confie-t-elle au Los Angeles Time.
Anecdotique en apparence, il s'agit en réalité d'un réflexe fréquent dont les conséquences se répercutent jusque dans le monde du travail. Car ce genre de jeux, rappelle le quotidien, peut renforcer les capacités spatiales, ce qui a été lié à l'amélioration des performances en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques - des domaines dans lesquels les filles et les femmes sont souvent sous-représentées.
"Le jeu est amusant, mais il s'agit aussi de développer un ensemble de compétences", insiste l'ex-enseignante. Par le biais de ce teste, elle explique ainsi que le but est de s'assurer que "nous ne limitons pas la créativité d'un enfant". Même son de cloche chez le co-auteur, l'homme d'affaires et député Evan Low, qui souhaite que les "tableaux périodiques et les dinosaures ne se retrouvent pas dans la section des garçons", afin de permettre aux fillettes de se projeter dans ces passions, elles aussi.
Un loi nécessaire, qui ne ferait que rendre obligatoire un effort déjà constaté chez de nombreuses chaînes comme Target, Walmart ou Toys R Us, et qui, si elle est votée, entrerait en vigueur le 1er janvier 2024.