Sur le papier, le king des meilleures ventes iTunes s’appelle Paul Van Haver. Il a 28 ans (né le 12 mars 1985 en Belgique) et il est belgo-rwandais. Pourquoi Stromae ? Son nom d’artiste, c’est « maestro » en verlan. Son maestro préféré : Mozart, « celui qui l’impressionne le plus », a-t-il confié à L’Express. Il a d’ailleurs appelé sa maison de production Mosaert. De son père rwandais, il ne sait pas grand-chose, il ne l’a vu que quelque fois avant qu’il ne disparaisse pendant le génocide. « Au Rwanda, je suis considéré comme un blanc et, en Belgique, comme un noir », expliquait-il récemment à Elle. Un métissage qui deviendra finalement sa force.
Le clip de « Papaoutai »
Le succès de Stromae explose en 2010 avec « Alors on danse », un tube dépressif et dansant qui cartonne pendant tout l’été. Depuis, Stromae continue à allier thèmes sinistres et musique groovy. Il parle du cancer dans « Quand c’est ? », de l’absence de son père dans « Papaoutai », ou des effroyables gueules de bois post-rupture dans « Formidable » mais toujours sur des musiquettes entraînantes et dans des clips acidulés qui trompent bien leur monde. Conclusion : « Trois ans après on vient me dire : "Alors on danse c'est vachement glauque en fait". Bah ouais. », s’amusait-il dans une interview à Metronews. Bref Stromae est devenu la figure de proue d’une génération désabusée et désœuvrée (qu’on découvre aussi dans le morceau « avf » (« Allez vous faire foutre ») en trio avec Orelsan et Maître Gims, tout en faisant se tortiller les foules. Chapeau bas.
Le clip de « Formidable »
Au Figaro madame, il expliquait en octobre que s’il pouvait se débarrasser de quelque chose, ça serait de « sa maigreur ». Le garçon aime d'ailleurs raconter à son public qu’avant, il adorait porter des baggy (« J’avais l’air d’un cintre »), avant de décider d’assumer son complexe et trouver le look qui colle à son univers. Au final, ça donne des chaussettes bleues ou orange remontées jusqu’à ses genoux cagneux, des nœuds papillon en pagaille, des polos impeccables et des imprimés psychédéliques bien repassés, un subtil mélange de wax et de style british qui lui va comme un gant. La grande fusion à l’image de ses chansons en somme.
Stromae aime bien être comparé à Brel – l’autre chanteur belge – mais comme il est modeste, il se dit que, lui, aurait peut-être un problème à être comparé à Stromae. « Il se dirait "c’est qui ce pauvre type qui parle de moi tout le temps ?" », imagine le chanteur dans une interview pour Brain Magazine. Il ne nie pas non plus l’influence de « Grand Jacques » : « Je pense que "Jef" m’a beaucoup inspiré pour "Formidable" - en écrivant la chanson, je me figurais que je parlais du point de vue de Jef. C’est Brel qui m’a permis de me rendre compte que ce n'est pas forcément cliché de parler d’amour ; auparavant, je pensais que ce thème était tellement évident qu'il était cliché, mais tout dépend de la forme qu'on lui fait prendre. ». Et de poursuivre : « Il a appris des choses à plein de gens, et notamment à plein de rappeurs. Quand j’étais ado, j’ai entendu très souvent des mecs qui écoutaient du hip-hop dire que Brel était l’un des leurs, un rappeur lui aussi. »
Le clip d'« Alors on danse »
Stromae le rabâche à qui veut : pas besoin de faire une chanson en anglais pour qu’elle sonne bien et qu’elle touche les gens. La preuve, « Alors on danse » a cartonné dans le monde entier et les trois-quarts du monde n’en comprenaient pas le premier mot. « Je veux défendre le français dans les pays où l'on ne parle pas notre langue. Exactement, et en Hollande aussi où "Papaoutai" figure dans le Top 3 national. Je trouve ça super touchant, précisément parce que j'ai tellement entendu qu’en chantant en français, je ne pourrai jamais toucher tout le monde », raconte-t-il, toujours dans Brain Magazine. Vive le français et longue vie au « roi des Belges ».