Longtemps, la Suède a été un exemple en termes d’égalité entre les hommes et les femmes. Mais une vidéo publiée sur Internet le 6 février vient ternir ce mythe. Postée sur la plate-forme YouTube et visionnée près de 330 000 fois, elle est intitulée « Män som näthatar kvinnor » autrement dit « Les hommes qui "net-détestent" les femmes ». Et pour cause, une dizaine de femmes, journalistes, auteures ou blogueuses, se relaient devant la caméra pour lire quelques-unes des menaces d’agression sexuelle, de viol ou de meurtre qu’elles reçoivent sur leur messagerie électroniques. « Je vais t’assassiner quand tu t’y attends le moins », « Je vais faire cuire tes seins dans du beurre » ou encore « Il faut qu’on t’ouvre la chatte avec une batte de base-ball », traduit ainsi Le Nouvel Observateur.
Cette courte séquence qui, sur Twitter, a déclenché un flot de réactions précédées du hashtag #näthat (signifiant « haine sur le net ») n’est autre que la bande-annonce d’un reportage diffusé sur la chaîne TV4, dans le cadre de l’émission « Uppdrag granskning » (Mission : Investigation). Dans ce même documentaire, une jeune femme ayant remis en cause la pertinence, par la chaîne de prêt-à-porter H&M, de la vente de T-shirts à l’effigie du rappeur Tupac - ce dernier ayant été reconnu coupable dans une affaire d’agression sexuelle -, raconte avoir été traitée de « pute ». Pire, certains internautes auraient souhaité que le rappeur « soit encore en vie pour la violer ».
En Suède, ce reportage a le mérite de révéler un malaise profond quant à la liberté d’expression sur Internet. En effet, depuis, les médias regorgent de témoignages de ce type, les femmes révélant faire régulièrement l’objet de menaces dès lors qu’elles prennent position sur un sujet. Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, aurait également réagi, dénonçant « un développement social inquiétant », selon Le Nouvel Observateur. Pour autant, pour l’heure, aucune solution susceptible de mettre un terme à ces menaces et ces injures, ne semble se profiler. « Il existe une loi permettant d’obtenir les données d’identification des auteurs d’injures, mais elle est peu connue et peu appliquée », déplore ainsi le journaliste Johan Tollgerdt. Et d’ajouter : « Cela fait 200 ans que la Suède n’a connu aucun trouble. Aujourd’hui, elle ne dispose pas des armes pour combattre les atteintes à la démocratie ».
Voir la vidéo « Les hommes qui "net-détestent" les femmes »
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