Cuisine, ménage, repassage, vaisselle... À l'échelle mondiale, les tâches domestiques non rémunérées représentent un manque à gagner de 10 000 milliards de dollars, pointe l'ONG Oxfam-Québec, qui lutte contre la pauvreté. Ce travail domestique reste encore majoritairement effectué par les femmes, qui doivent jongler entre la gestion du foyer et leurs activités professionnelles.
Jeudi 7 juin, Oxfam-Québec a organisé une opération coup de poing à l'occasion de l'ouverture du G7, en faisant défiler des marionnettes géantes représentant les dirigeants du sommet international devant l'Assemblée Nationale à Québec. Parmi elles, on distingue les marionnettes d'Emmanuel Macron, Justin Trudeau et Donald Trump. Toutes sont occupées à effectuer une tâche ménagère. Vêtu d'un tablier de cuisine, Trudeau sert le repas à Angela Merkel. Emmanuel Macron se penche sur un berceau pour s'occuper de bébé, tandis que Trump fait la poussière avec son plumeau.
Cette action militante visait à dénoncer le travail non rémunéré que les femmes effectuent chaque jour et qui ne figure jamais dans les statistiques économiques mais qui s'avère pourtant quantifiable en terme de rentabilité. "On estime que ce travail vaut 10 000 milliards dans l'économie mondiale, mais il est souvent la plupart du temps non rémunéré", a expliqué la directrice générale d'Oxfam-Québec, Denise Byrnes. "Ce travail soutient l'économie, mais il n'est pas pris en compte", ajoute-elle.
La question a été abordée lors du G7 le samedi 9 juin par le Conseil consultatif sur l'égalité des sexes, (une première depuis la création du sommet) composé de 21 femmes, dont Melinda Gates, la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, et la militante pakistanaise Malala Yousafzai.
Comme le rappelle Libération, des enquêtes budget-temps sont régulièrement réalisées (tous les dix ans en France) afin de mesurer l'ampleur des tâches ménagères effectuées au sein des foyers. Chacune de ces tâches sont ensuite calculées à l'heure en fonction du salaire moyen ou minimum en vigueur dans le pays qui fait l'objet de l'étude.
Le chiffre mentionné par l'ONG Oxfam (10 milliards de dollars) se base sur une étude américaine publiée en 2015 réalisée par le cabinet de conseil McKinsey. Le rapport explique que tout ce travail dit "invisible" effectué par les femmes, mais non pris en compte dans l'économie mondiale, équivaut à environ 13% du PIB mondial.
D'après les dernières statistiques de l'Insee, si les Françaises passent aujourd'hui moins de temps chaque semaine à s'occuper des enfants, de la cuisine et du ménage, elles continuent d'assurer deux tiers des tâches domestiques.
Chaque jour, en moyenne, elles consacrent plus de 3 heures de leur temps à la réalisation de tâches domestiques (cuisine, ménage, courses, soins aux enfants, etc.) Avec des choix intermédiaires de champ et de valorisation, cette production est évaluée à 33 % du PIB. Ce travail est majoritairement réalisé par les femmes (64 % des heures de travail domestique).