Les assauts répétés et les tentatives d’intimidation de l’équipe du RAID sur l’appartement de Mohamed Merah, dans un quartier résidentiel de Toulouse, n’ont toujours pas permis sa capture, après près de 30 heures de présence sur place. Le coupable présumé de la tuerie de Toulouse devant l’école Ozar-Hatorah, et de l’assassinat de trois militaires à Montauban, reste terré dans son appartement, et ne montre plus aucune réaction aux détonations déclenchées autour de lui par le Raid, selon le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant. Dans une déclaration ce matin sur RTL, celui-ci a déclaré espérer que le jeune homme de 23 ans était « encore vivant », et de mentionner deux coups de feu suspects dans la nuit : « on a entendu deux coups de feu on ne sait pas à quoi ça correspond ». Par ailleurs le ministre a réaffirmé la priorité pour les forces de l’ordre d’attendre que M. Merah se rende, pour qu’il puisse être jugé.
« Mourir les armes à la main »
Les différentes tentatives d’assaut des policiers se sont soldées par des échanges de coups de feu, qui ont blessé deux hommes du RAID, de longs pourparlers par talkie-walkie ont donné lieu ensuite à une confession prolixe du jeune homme, et à sa promesse mercredi matin de se rendre « dans l’après-midi », puis une déclaration affirmant qu’il se rendrait dans la soirée. Mais d’après Claude Guéant, les derniers mots adressés par le forcené au négociateur annonçaient qu’il souhaitait « mourir les armes à la main ». Le procureur de Paris, François Molins, qui dirige l'enquête affirmait mercredi qu'on ignorait l'armement dont disposait Mohamed Merah.
Les policiers ont désormais engagé une guerre d'usure devant l'apparent refus du jeune homme de se rendre. « Il disait qu'il voulait se rendre, il a changé d'avis, on augmente la pression pour qu'il se rende », expliquait une source proche de l'enquête.
Retour sur les évènements de la nuit
05H50 - Cela fait 27 heures que l’appartement de Mohamed Merah est encerclé par le RAID
02H00 - Une détonation précédée de deux apparents coups de feu s'est faite entendre près de l'immeuble où est retranché Mohamed Merah.
00H36 - Une source proche de l'enquête évoque un « dénouement proche »
23H35 - Trois violentes détonations sont entendues près de l'immeuble ou est retranché Merah, selon des journalistes de l'AFP. Juste après ces détonations, on aperçoit un bref faisceau lumineux sur la façade. Aucun échange de tirs entre Merah et les forces de l'ordre n'est entendu dans les dix minutes suivant ces détonations. Il s’agit d’une tentative d’intimidation des policiers du RAID, pour pousser le jeune homme à se rendre.
22H00 - Une quinzaine de policiers en tenue sont descendus d'un fourgon, munis de gilets pare-balles, cagoules, casques et boucliers intégraux pour certains.
21H14 - Echec de la dernière tentative de médiation à l'aide d'une de ses proches.
21H01 - Le quartier de la petite cité de la Belle Paule où Merah est retranché depuis plus de huit heures est plongé dans le noir. Mais la façade de l'immeuble où se terre Merah est éclairée, par des moyens différents de l'éclairage public classique.
Un délinquant suivi depuis des années
Au cours de sa conversation avec le négociateur, Mohamed Merah s’est accusé de la série de meurtres déclenchée le 11 mars à Montauban. Ce jeune délinquant multirécidiviste de 23 ans se serait radicalisé dans les milieux salafistes après deux séjours en Afghanistan et au Pakistan. Aucun élément n'a permis de rattacher le jeune homme d’origine algérienne à une organisation quelconque en France, selon le procureur, mais les enquêteurs s’intéressent de près à ses fréquentations. Interpellé mardi, son frère Abdelkader, 29 ans, avait déjà été interrogé à propos d’une filière d'acheminement de djihadistes en Irak, a indiqué le procureur. Selon Claude Guéant, Mohamed Merah était suivi depuis des années. En novembre 2011, il avait été convoqué par le renseignement intérieur à Toulouse pour s'expliquer sur ses séjours en Afghanistan et au Pakistan. Un sujet qui pourrait faire naître une polémique sur la surveillance des réseaux islamistes radicaux par le renseignement français.
« Aucun regret »
Mohamed Merah s'est vanté auprès de ses interlocuteurs policiers d'avoir été formé par Al-Qaïda, d'avoir accepté une mission pour le réseau en France, et d'avoir mis « la France à genoux ».
N’exprimant « aucun regret », sauf celui « de ne pas avoir fait plus de victimes », il a expliqué avoir visé trois enfants et un père juifs lundi, parce qu’il n’avait pas trouvé de soldat, d’après M. Guéant.
Il aurait expliqué les récentes tueries par sa sympathie pour le sort des Palestiniens, et son opposition à l'engagement militaire de la France en Afghanistan, et à l'interdiction du port du voile intégral. Il comptait frapper à nouveau en tuant un soldat dès mercredi, puis deux chefs de services policiers toulousains, ont indiqué des sources proches de l'enquête.
Crédit photo : AFP
Source : AFP
Toulouse : le tueur présumé « souhaitait de nouveau passer à l'acte »
Tuerie de Toulouse : le suspect promet de se rendre cet après-midi
Profil du tueur de Toulouse : « Il y a une escalade dans sa recherche de sensations »
Toulouse : le tueur ne laisse rien au hasard
Fusillade de Toulouse : une minute de silence pour une « tragédie nationale »