Julle, née Julia, a 9 ans. Depuis quelques années, il s'entraîne dans le club de football pour petits garçons de Veberöds AIF, dans un village du sud de la Suède. Mais un jour, Petra, sa mère, reçoit la liste des enfants du club inscrits pour disputer une coupe.
Le nom de Julle n'y figure pas. "J'ai pensé que c'était une erreur. Quand j'ai contacté le club, on m'a fait savoir que la direction avait décidé que Julle s'entraînerait désormais avec les filles", raconte Petra au magazine du journal Le Monde.
Depuis tout petit, Julle se revendique comme un petit garçon. "Il a toujours refusé qu'on l'appelle Julia. À 4-5 ans, il m'a dit qu'il voulait être un papa et m'a demandé si on pourrait lui couper les seins", explique sa mère.
Le club de football, manifestement au courant de la situation, n'avait jusqu'ici jamais émis d'objection. D'autant que la confédération nationale du sport de Suède stipule bien que les filles et les garçons peuvent s'entraîner ensemble jusqu'à la puberté.
Petra a essayé de s'entretenir avec le club où joue son fils dans l'espoir de le faire revenir sur sa décision... en vain. La Fédération suédoise de football a quant à elle refusé de s'en mêler, arguant que le club est libre de ses mouvements.
À court de solution, la mère de Julle s'est rapprochée de Malmö mot Diskriminering, une ONG suédoise qui lutte contre les discriminations. Lundi 15 octobre, l'ONG a porté plainte contre le club.
"Nous n'avons pas eu d'autres choix que de nous tourner vers le tribunal", déplore l'avocate de l'organisme, Disa Nordling. Il s'agit de la première plainte déposée en Suède pour discrimination basée sur l'identité de genre.
En attendant la décision de justice, Julle pourra continuer de s'entraîner. Un autre club d'une commune voisine lui a proposé de l'accueillir dans son équipe de garçons, précise l'autrice de l'article du Monde.
Considéré comme l'un des pays les plus progressistes du monde en matière de défense des droits des personnes LGBT, la Suède autorise depuis 2009 "le mariage sexuellement neutre", qui donne le droit aux homosexuels de se marier à la mairie, mais aussi à l'église.
En 2013, ce pays scandinave a abrogé une loi de 1972 qui imposait la stérilisation aux personnes transgenres pour obtenir un changement de sexe officiel dans les registres d'état.
Un an plus tôt, la Suède a instauré le pronom "han", destiné à remplacer le "il" ou le "elle", dans le but de prôner la neutralité de genre.