Elles l’avaient annoncé. Les quatorze enseignes de bricolages d’Île-de-France « Castorama » et « Leroy Merlin » dont la fermeture dominicale avait été ordonnée jeudi par le tribunal de commerce de Bobigny, ont bravé l’interdiction. Dimanche, toutes ont ouvert leurs portes malgré l’interdiction judiciaire. Et si samedi Benoît Hamon avait jugé qu’un tel comportement était « inadmissible », soutenu par la garde des Sceaux qui avait rappelé que « nous sommes dans un État de droit » et que « les règles s'imposent », dimanche le ton a changé. Le dialogue est désormais à l’ordre du jour.
Dimanche, la ministre de la Santé Marisol Touraine a en effet annoncé sur France 5 que Jean-Marc Ayrault réunirait lundi « les ministres concernés » pour « faire évoluer les choses ». Selon elle, « le statu quo n'est pas tenable ». « Il y a des salariés qui ont envie de travailler le dimanche, des gens qui ont envie de faire leur courses le dimanche », a-t-elle estimé. Et de poursuivre : « Le précédent gouvernement a laissé s'empiler des règles, des lois, à l'arrivée on n'y comprend plus grand-chose ». Interrogé dans le « Grand Rendez-vous i>Télé-Europe 1-Le Monde », le ministre du Budget Bernard Cazeneuve s’est déclaré « défavorable à la généralisation du travail le dimanche », mais, a-t-il souligné, « il y a des villes, des régions qui sont dans une situation particulière, c'est un problème périmétré. »
>> Pour ou contre le travail du dimanche ? <<
Mais si le gouvernement semble ouvert au débat, il n’est en revanche pas prêt à faire évoluer la loi. Dans un entretien accordé aux quotidiens du groupe Ebra à paraître lundi, le ministre du Travail, Michel Sapin s’y est montré très défavorable, tout en évoquant la possibilité d’un « débat ». « Est-ce que vous pensez que travailler la nuit, c'est améliorer la qualité du travail ? Je ne le pense pas. Est-ce que vous pensez que travailler le dimanche, c'est améliorer la vie quotidienne, la vie de famille, la vie sociale ? Je ne le pense pas », a ainsi répondu le ministre. Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux a pour sa part évoqué dimanche un autre point de vue. Selon lui, la législation actuelle génère « des inégalités insupportables », tout en admettant qu'il n'était pas suivi « pour le moment » par le gouvernement.
À droite en revanche, Valérie Pécresse a estimé dimanche que la loi devait changer, jugeant que « le gouvernement jouait contre l'emploi » : « Je ne suis pas pour la généralisation de l'ouverture des magasins le dimanche sur tout le territoire, mais il y a des lieux de vie où, compte tenu des circonstances de consommation exceptionnelle [...], il faut écouter les salariés et les entendre », a-t-elle expliqué dans l'émission « Le Grand Entretien » sur RCJ (Radio de la communauté juive). Au Modem enfin, François Bayrou a jugé dimanche qu’il était « normal qu'on respecte la loi » mais qu’il existait des zones où « les clients, les familles peuvent aller faire des courses le dimanche, ces zones-là doivent être respectées ».
Sephora : interdits de travail après 21h, les salariés contre-attaquent
Un Français sur trois travaille le dimanche
Travailler un jour férié : droits, obligations et rémunération
Stress au travail, pénibilité : quels sont mes droits ?