Trayvon Martin n’a pas le profil du délinquant. Cet adolescent noir qui travaille bien à l'école et adore le sport, a eu le malheur de croiser la route de George Zimmerman. Fils d'un militaire blanc et d'une Péruvienne, le jeune homme de 28 ans fait la loi dans son quartier. En 14 mois, il a téléphoné 46 fois aux urgences de la police, le 911, pour signaler des fenêtres ouvertes et des individus « suspects ». Ce 26 février, Trayvon Martin sort de chez lui pour faire quelques courses. Mais tandis qu'il marche dans le lotissement de Twin Lakes, communauté clôturée de la ville de Sanford en Floride, où il habite avec ses parents, la capuche de son sweat-shirt rabattue sur la tête parce qu'il s'est mis à pleuvoir, il remarque qu'un homme le suit dans un pick-up. Cet homme, c’est George Zimmerman. Visiblement l’individu a envie d’en découdre. Il appelle la police évoquant « quelque chose qui cloche » puis ajoutant que « ces salauds finissent toujours par s'en sortir ». « Vous n'avez pas à vous occuper de ça », lui répond son interlocuteur du 911. Mais Zimmerman continue de suivre l’adolescent. « Un type est en train de me suivre », confie Trayvon Martin au téléphone à sa petite amie. Ce seront ses dernières paroles. Quelques minutes plus tard, le jeune homme est froidement abattu. Quand la police arrive sur les lieux, vers 7 h 17, Trayvon est mort. Zimmerman affirme avoir tiré en état de légitime défense en accord avec la loi « Stand your ground », (« Défendez-vous »). Les policiers le laissent partir avec son arme.
En quelques semaines, ce drame a enflammé la Floride puis l'Amérique, suscitant des manifestations de milliers de personnes arborant des sweat-shirts à capuche pour réclamer « justice pour Trayvon ». Un million de signatures ont été rassemblées pour exiger l'arrestation du meurtrier présumé. Le chef de la police locale a démissionné. Des enquêtes séparées du ministère américain de la Justice, du procureur du district et du FBI ont été ouvertes. Même le président Obama a fait part de sa profonde indignation. « Si j'avais un fils, il ressemblerait à Trayvon», a-t-il dit, ému, ajoutant «ne pouvoir imaginer ce que traversent ses parents ». « Il est impératif que nous enquêtions sur tous les aspects de cette affaire », a poursuivi le président, appelant « à un examen de conscience pour comprendre comment une chose pareille peut se produire ». « Cela veut dire examiner les lois et le contexte », a-t-il précisé. L'Amérique n’en a pas fini avec ses vieux démons racistes. Surtout, cette affaire pointe les dérives de la loi « Défendez-vous », qui autorise tout individu armé à tirer sur un autre s'il se « sent en danger ».
(Source : lefigaro.fr)
Crédit photo : Official White House Photo by Pete Souza
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