Elles étaient plusieurs centaines, rejointes par quelques hommes, dans le quartier de Kadikoy à Istanbul, pour défendre l'accès à l'avortement. « Mon corps, ma décision », ou encore « l’avortement est un droit », le message est clair : les femmes qui sont descendues dans la rue ce dimanche ne veulent pas du nouveau projet de loi sur l'avortement qui sera soumis aux députés turcs dans le courant du mois de juin.
Le Parti de la justice et du développement, au pouvoir en Turquie depuis 2002, projette de raccourcir le délai pendant lequel l’interruption de grossesse est autorisée. Actuellement, les femmes peuvent y recourir pendant les dix premières semaines de la grossesse. Si le projet est adopté par le Parlement, ce délai sera ramené à quatre semaines, sauf en cas d’urgence médicale.
La semaine dernière, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui incite régulièrement les femmes à avoir au moins trois enfants au cours de leur vie, avait déjà provoqué la colère de l’opposition en comparant explicitement l’avortement à un meurtre.
En Turquie, l’interruption volontaire de grossesse est légale depuis 1965, et le délai est fixé aux dix premières semaines de grossesse depuis 1983.
Le gouvernement turc n’en est pas à son premier projet de loi conservateur en termes de mœurs. En 2004 déjà, un texte défendant la pénalisation de l’adultère avait été rédigé, avant d’être abandonné sous la pression de l’Union européenne.
Viviane Clermont
Sources : AFP, AP
Crédit photo : BULENT KILIC/AFP/GettyImages
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