Son idée avait séduit plus de 500 000 internautes et attiré l'attention des médias du monde entier. Le 3 mai 2014, Masih Alinejad avait lancé « Stealthy Freedoms of Iranian Women » (« Libertés furtives des femmes iraniennes » ndlr), une page Facebook invitant les Iraniennes à ôter le voile en public pour se prendre en photo. Les clichés étaient ensuite publiés sur la page Facebook. En quelques jours, l'idée de cette journaliste iranienne exilée à Londres avait fait le tour du monde, générant quantité de réactions sur la toile et contribuant ainsi à faire connaître le quotidien de ces femmes.
« J’ai simplement demandé aux femmes d’envoyer des selfies de leurs moments privés de liberté », confiait à l'époque Masih Alinejad convaincue de donner ainsi aux Iraniennes un espace numérique de liberté. L'initiative avait pourtant suscité l'indignation des autorités du pays, la République Islamique d'Iran ayant rendu le port du hijab obligatoire depuis 1979. Cible d'une campagne agressive de discrédit, la journaliste a été accusée d’exhibitionnisme ou encore de prostitution, la télévision d'État allant jusqu'à la menacer de mort.
Ce mardi 24 février, 9 mois après le vent de liberté créé par sa page Facebook, Masih Alinejad a reçu à Genève le prix des droits des femmes, remis par le Sommet pour les droits de l’homme et la démocratie. L'assemblée, constituée de 20 organisations non-gouvernementales, a voulu récompenser l'écrivain et journaliste pour avoir « donné une voix à celles qui n'en avaient pas, et remué la conscience de l'humanité pour soutenir la lutte des femmes iraniennes pour des droits humains fondamentaux, la liberté et l'égalité ».
Masih Alinejad à Genève. ©Oliver O'Hanlon
Venue accepter son prix, Masih Alinejad s'est dite ravie de se voir attribuer la récompense, espérant que ce prix contribuerait à attirer l'attention sur le combat des Iraniennes. « Des écolières de 7 ans jusqu'aux grands-mères de 70 ans, les femmes en Iran sont toutes forcée de porter le hijab », a déclaré la journaliste dans des propos rapportés par The Guardian. « Avec un peu de chance, ce prix sera l'opportunité pour les voix de ces femmes qui disent non au hijab d'avoir un écho à travers les halls des Nations Unies ».
« Je n'ai pas l'intention d'encourager les gens à défier le hijab forcé ou s'opposer à lui. Je veux seulement faire entendre le message de milliers d'Iraniennes qui pensent qu'elles n'ont pas de plateforme pour le dire », a tenu à expliquer Masih Alinejad. Désormais à près de 770 000 fans, la page Facebook continue de recevoir régulièrement des contributions de femmes osant retirer leur voile le temps d'un cliché.
Le discours de remerciement de Masih Alinejad :