Entre les combinaisons, les moufles, les bonnets, les écharpes, les grosses chaussettes, les collants, le piz-buin, la crème solaire protection 50, la location des skis, des chaussures et des bâtons, le forfait, les cours et l'appart', voire l’hôtel, autant dire que le budget de base de cette petite semaine sportive eût pu vous permettre de partir tranquillos en 3 étoiles en Thaïlande pour vous dorer la pilule sur la plage pendant que les petits s’ébrouent tranquillement dans l’eau tiède et transparente. Ajoutez à cela des restos d’altitude à 25 euros la saucisse-frites (« Maman ze veux un cocaaaaa ! » - 6,50 euros), tarifs pratiqués par des établissements sans scrupules qui jouent sur le fait que vous n’avez aucun autre moyen de sustenter votre progéniture frigorifiée (cruels montagnards !), les sempiternels chocolats-vins chauds d’après-ski et les rachats de dernière minute (masques pour tout le monde à cause de la tempête au magasin de la station qui affiche +125% par rapport à Décathlon = 370 €) et le calcul sera vite fait : pour le même prix, vous auriez pu refaire votre salon… Dommage !
Les vacances, c’est fait pour se reposer, n’est-ce pas ? Et pourtant, jamais l’adage « les mères de famille sont les seuls travailleurs qui n’ont jamais de vacances » n’aura pris autant son sens que lors de vacances familiales en montagne. Dès le lever, habiller ces petits corps mollassons occupés à jouer à la DS prend des allures d’épreuve de Koh-Lanta. Superposer ces couches de vêtements aux matières laineuses (et puantes), plastifiées, puis re-laineuses, penser à trimballer tous les accessoires, revenir à la chambre parce qu’il en manque forcément un, se pincer atrocement les doigts en clipsant les chaussures de ski, puis porter les siens (de ski) sur des kilomètres de pente verglacée, remonter en escalier chercher le plus petit en larmes, bloqué en haut de la piste bleue, l’emmener aux toilettes (s’il a un pantalon à bretelles, ce moment devrait être le clou de vos vacances…), déchausser, ranger l’attirail au local, baigner tout ce petit monde et préparer la tartiflette… : jamais retour au boulot ne vous aura semblé aussi libérateur.
En vacances, une maman aime prendre soin d’elle, se sentir belle, reposée, le teint halé. C’est pourtant avec un bronzage grotesque « contour de masque » façon pochoir que vous regagnerez, l’œil torve, votre lieu de travail. Enfin, par bronzage, entendez plutôt peau rougie par un soleil cruel réverbéré par la neige immaculée, uniquement occupée à vous gâcher la vie. S’il fait mauvais, vous n’en ressortirez malgré tout pas grandie puisque, culpabilisée par le prix exorbitant du forfait plein-temps que vous vous serez offert, vous irez skier dans la tempête, le cheveux frisotté-glaçonnisé, le nez rouge-coulant, l’œil larmoyant et les lèvres parcheminées, situation que vous pourrez admirer avec effroi lorsque, à bout de forces, vous irez vous réfugier dans les toilettes d’un gîte et que, après avoir retiré votre costume de Robokop, vous ferez face à l’abominable femme des neiges que vous serez devenue. « Maman, tu crains ».
Dans la vie de tous les jours, vous avez l’impression d’attendre en permanence, perdant là un temps précieux sur votre emploi du temps de ministre. Au ski, c’est pire… Les quelques minutes d’agréable descente, à sentir l’air pur balayer votre visage serein et enfin un poil reposé vous coûteront chaque fois 25 minutes de queue au télésiège (à vous prendre des coups de bâton monsieur Duss par d’odieux personnages exaspérés, qui feraient presque passer vos voisins de la ligne 13 pour de parfaits gentlemen). Au resto d'altitude, le temps d’attente que vous endurerez pousserait le dalaï-lama à un meurtre collectif, sans parler de l’unique supermarché de la station qui, outre le fait que sa dernière nouveauté date des années 80 (la station découvre avec étonnement les Petits Ecoliers) et vous sera vendue avec une majoration entendue de 180%, il fera subir une heure supplémentaire de suée en combi à votre corps malodorant et endolori.
Pour endurer toutes les épreuves précitées, vous aurez deux solutions : manger, ou boire (ou les deux). Prise d’une boulimie frénétique mi-naturelle ("il fait froid, on fait du sport, il faut prendre des forces !"), mi-psychologique ("il fait froid, on fait du sport, il faut prendre des forces !"), vous engouffrerez dès le réveil pains au chocolat, tomme de Savoie, jambon de pays, céréales, pain grillé, confiture, œufs et camembert comme s’il s’agissait de votre dernier repas alors qu’habituellement, votre petit pain de seigle vous fait la matinée. Le soir, dès 17h, les gâteaux tourneront avec rythme dans votre salon étriqué où, en chaussettes humides, chacun repoussera l’heure du bain en boulottant convulsivement des sucreries ("il fait froid, on fait du sport, il faut reprendre des forces !") avant de se jeter, à l’heure du dîner, sur des raclettes gargantuesques qui alterneront avec des fondues, des tartiflettes, des assiettes de charcuterie et autres mets fort sains, le tout arrosé de vin blanc sucrailleux du plus bel effet pour votre estomac. On fait du sport et tout mais on a pris 5 kilos… Too bad.
Au finish, vous reviendrez donc de ces petites vacances en famille à l’air pur de nos montagnes grosse, brûlée, crevée, exaspérée et fauchée. Alors, toujours partante ?
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