Des bébés giflés dès l'âge de 12 mois, des adolescentes et adolescents contraints à se livrer à des actes sexuels, des enfants subissant des châtiments corporels à l'école. Selon L'UNICEF, ces violences envers les enfants sont un mal endémique, touchant tous les milieux sociaux et tous les pays du monde.
Mardi 31 octobre, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance a publié un nouveau rapport alarmant sur l'ampleur des violences que subissent chaque jour les mineurs dans 30 pays du globe. "Les sévices infligés aux enfants dans le monde entier sont vraiment préoccupants", s'inquiète Cornelius Williams, chef de la Protection de l'enfance à l'UNICEF. "Des bébés sont giflés, des filles et des garçons sont contraints de se livrer à des actes sexuels, des adolescents sont assassinés au sein de leur communauté. La violence envers les enfants n'épargne personne et ne connaît aucune limite."
Selon l'UNICEF, les violences commencent souvent dès la prime enfance. Ainsi, trois quarts des enfants âgés de 2 à 4 ans, soit 300 millions d'enfants à travers le monde, sont victimes "d'agressions psychologiques et/ou de punitions physiques au sein même de leur foyer, de la part des personnes qui s'occupent d'eux". Les bébés ne sont pas épargnés par les sévices : six enfants sur dix âgés de 12 mois sont régulièrement victimes de "discipline violente". "Pour presqu'un quart des enfants de cet âge, la punition consiste à se faire secouer et près d'un sur dix est giflé ou frappé au visage, à la tête ou aux oreilles".
Les enfants ne sont pas seulement les victimes de violences, ils en sont aussi les témoins. D'après l'UNICEF, un enfant de moins de 5 ans sur quatre vit avec une mère victime de violences de la part de son partenaire intime.
Le rapport de l'UNICEF s'est aussi intéressé aux violences sexuelles subies par les adolescentes. À travers le monde, environ 15 millions d'entre elles, âgées de 15 à 19 ans, ont déclaré avoir subi des rapports ou autres actes sexuels forcés au cours de leur vie. Parmi les ados victimes de violences sexuelles, seules 1% d'entre elles a sollicité l'aide de professionnels. En moyenne, dans les 28 pays disposant de données sur le sujet, 90% des adolescentes ayant subi des rapports sexuels forcés ont déclaré que leur premier agresseur était une personne de leur connaissance.
L'Europe n'est pas épargnée par ces violences, puisqu'une jeune femme sur quatorze en moyenne y a signalé avoir subi des violences sexuelles avant l'âge de 15 ans. Les cinq pays les plus concernés sont le Luxembourg – qui a le taux le plus élevé – le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas et l'Espagne.
Les garçons adolescents sont eux davantage victimes d'assassinats. "Quelque part dans le monde, toutes les sept minutes, un adolescent est tué par un acte violent", note le rapport. "Aux États-Unis, les garçons noirs non hispaniques âgés de 10 à 19 ans ont presque 19 fois plus de risque d'être assassinés que les garçons blancs non hispaniques du même âge". Les discriminations expliquant ces chiffres sont telles qu'en 2015, "un adolescent noir non hispanique aux États-Unis avait autant de risques d'être assassiné qu'un adolescent sud-soudanais de perdre la vie dans des violences collectives dans son pays déchiré par la guerre".
Enfin, l'UNICEF a consacré un pan de son rapport aux violences qui surviennent en milieu scolaire. "La moitié (732 millions) des enfants en âge d'être scolarisés vit dans un pays où les châtiments corporels à l'école ne sont pas totalement interdits", notent les auteurs.
Les chiffres, alarmants, recueillis par l'UNICEF, ne doivent pas rester sans effet. Aussi l'organisation en appelle-t-elle aux gouvernements pour qu'une politique globale contre les violences faites aux enfants soit mise en place. Elle préconise ainsi de lutter "contre les inégalités sociales et économiques, les normes sociales et culturelles qui excusent la violence", de mettre en place des "politiques nationales sur la réduction des comportements violents et des inégalités et sur la limitation de l'accès aux armes à feu et autres armes", et enfin "le développement des services sociaux et en formant les travailleurs sociaux à fournir des orientations, des conseils et des services thérapeutiques aux enfants victimes de violence."