"Je fais cette vidéo pour expliquer mon agression". Il est éprouvant, ce témoignage d'une jeune femme mis en ligne sur Instagram et déjà visionné des dizaines de milliers de fois en deux jours. Sous la forme d'une vidéo et d'une description écrite, l'internaute relate l'agression qu'elle a récemment subie dans la ville de Nîmes.
"Je promenais mon chien, j'ai croisé ces trois individus." Elle les ignore. Les insultes fusent, d'abord : "t'es bonne", "sale pute". Puis, un bras l'attrape brutalement. Et les violences physiques commencent, incessantes : plusieurs coups de poing, son corps mis à terre, une série de coups de poing au visage, puis de coups de pieds, un pied brutalement posé sur le thorax afin d'immobiliser la victime... S'ensuit de l'inconscience, puis un douloureux réveil, seule.
"Je me réveille quelques minutes plus tard toujours sur ce trottoir mais plus personne à coté de moi juste mon chien qui attendait sagement. Je suis partie à l'hôpital pour une série d'examens cerveaux, corps puis après de longues et longues heures à l'hôpital, direction le commissariat où les gendarmes ont été très gentils."
Une récit particulièrement ardu à écouter, à lire, et, on l'imagine, à narrer bien évidemment. Aujourd'hui, la jeune femme souffre de nombreuses blessures. Hématomes ("de partout"), côtes fêlées, lèvres gonflées, mais aussi compression du foie et hémorragie du nez, relate-t-elle face-caméra après avoir passé de multiples examens médicaux. "Je dois retourner à l'hôpital car mon état de santé est alarmant", poursuit-elle d'ailleurs. Mais malgré le traumatisme éprouvé et les maux physiques ressentis, la victime a finalement décidé de libérer la parole.
Les yeux meurtris, elle raconte pourquoi il est si important d'évoquer ces violences intolérables : "Je ne fais pas cette vidéo pour me faire plaindre mais pour montrer aux femmes et aux hommes qu'il faut en parler, qu'il faut se battre contre ça, qu'il ne faut pas avoir honte, que ce n'est pas à nous d'avoir honte, c'est à nos agresseurs, à nos violeurs, à nos assassins". Un discours nécessaire.
Mais le message ne s'arrête pas là. La jeune femme s'adresse également aux victimes de violences, physiques et sexuelles. "Il faut porter plainte. Il faut en parler. On en voit partout autour de nous mais quand ça nous arrive ça change notre vie à tout jamais. C'est quelque chose d'anormal en 2020, ça ne devrait pas exister", déplore celle qui "remercie Dieu d'être encore en vie d'aujourd'hui". L'alerte est bien passée et n'indiffère personne. Dans l'espace des commentaires, nombreuses sont les voix anonymes à exprimer leur soutien. "Bon courage pour votre rétablissement, tout cela doit changer", "Courage et bravo pour ce post", "Force à toi", peut-on lire en ce sens.
Et le temps d'une publication plus récente, la jeune femme avoue avoir reçu "énormément" de messages de la part de toutes celles qui, comme elle, ont subi des violences. "Elles me disent : ça m'est arrivée, j'ai jamais osé en parler, grâce à toi j'ai un peu plus confiance en moi", s'enthousiasme la narratrice, soucieuse de montrer "qu'on est pas seules, qu'il y a du monde autour, qu'il faut en parler, qu'il ne faut pas avoir honte".
Quelques lignes plus tard, elle décide même d'interpeller ses trois agresseurs, encore en liberté - et donc impunis malgré leur "violence purement gratuite". "On vous retrouvera et quand on se retrouvera vous me regarderez dans les yeux, et vous me direz si vous vous sentez coupable, si vous avez peur comme moi j'ai eu peur", écrit-elle. On le comprend, la peur doit changer de camp. En guise de conclusion à ce témoignage se succèdent d'ailleurs des mots-clés explicites : #stopviolence #stopagressions. Des hashtags plein d'espoir et d'indignation.