"Jour 19, kilomètre 387. SORORITÉ. Je marche seule dans la forêt, le long du champ, dans la ville, sur la falaise. Je marche pour moi, et pour nous toutes". Sur Twitter et Instagram, une marcheuse nous partage son précieux carnet de route. Elle a pour nom Marie Albert, elle est journaliste - ou plutôt, comme elle l'écrit, journaliste voyageuse et militante. Cela fait des semaines déjà que cette âme engagée s'est lancée dans un périple salutaire : une longue marche en solo initiée afin de défendre la liberté des femmes, le respect de leurs droits, et la dénonciation des abus qui leur sont faits.
Au gré des kilomètres - elle compte en parcourir pas moins de 10 000 ! - Marie Albert rencontre des femmes, écoute leur histoire, et recueille des fonds destinés à l'association "PARLER", laquelle accompagne les victimes de violences sexuelles dans le dépôt de plainte. Mais ce n'est pas tout : en marchant seule, elle désire également renverser ces craintes trop banalisées qu'éprouvent les femmes en voyage, dans la rue, au sein de l'espace public, risquant à tout moment des situations de harcèlement. Une initiative triple, donc, et forcément salutaire.
Cette initiative, elle l'a appelé le "Survivor Tour", comme un clin d'oeil à toutes ces "survivantes" qui font face à des situations de violences psychologiques, physiques, sexuelles. Une marche qui force l'admiration. Et ce n'est pas la première d'ailleurs : tel que l'indique Détours, le site culturel de Canal +, la journaliste a déjà affronté Saint-Jacques-de-Compostelle l'an dernier afin de dénoncer les féminicides. On l'applaudit.
Aux prémices du mois de juillet, Marie Albert est donc partie de Dunkerque, sa tente à portée de mains. Et un mot-clé brandi en étendard : #JeSurvis. Elle confère d'ailleurs à sa marche politique cette puissante appellation : le "Tour de France d'une survivante". Sur son site, elle décortique sa démarche et nous explique : "Femme seule, je marche 10 000 kilomètres contre les violences sexistes. Ma survie n'est guère plus menacée au fond de la forêt qu'à mon domicile avec un conjoint violent. Je survis comme nous tou·te·s et je contourne le pays, craignant les hommes que je croise". Un discours intensément sororal.
Au fil de ses publications Instagram, la journaliste insiste donc pour que la peur change (enfin) de camp. Car la marche n'est pas simplement un effort physique, mais une grande victoire psychologique. Tout un processus qu'il convient d'apprivoiser. "Je marche, mange, dors dans la forêt depuis plusieurs jours et personne ne m'a encore harcelée, agressée, violée ni même assassinée !", explique-t-elle en ce sens à la mi-juillet. Pour poursuivre son chemin, Marie Albert a parfois besoin d'un toit où passer la nuit ou d'une main amicale. Vous pouvez d'ors et déjà la soutenir en vous rendant sur son Tipee. Et en suivant ses péripéties sur les réseaux bien sûr.
Car si l'itinérance dont elle rend compte à grands coups de mots et de photos se fait en solo, elle n'en est pas moins fédératrice et collective. La preuve ? Au détour d'une ligne, l'instigatrice décoche ce mot d'ordre : "Que les féministes qui me comprennent me rejoignent. Nous sommes tou·te·s des survivant·e·s". A bon entendeur.