En 2014, le hashtag #Payetonutérus lançait un pavé dans la marre. Des milliers de femmes brisaient le silence autour des violences gynécologiques et obstétricales, en dévoilant les remarques et comportements déplacés voire violents dont elles avaient été les victimes lors d'une consultation chez le gynécologue, pendant leur suivi de grossesse ou durant leur accouchement. Dans les 24 heures qui ont suivi le lancement du hashtag, plus de 7 000 témoignages se sont accumulés sur Twitter, révélant toute l'ampleur du problème.
Un problème dont s'emparait le gouvernement en 2017, en confiant au Haut conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes (HCE) le soin de dresser un état des lieux de la situation. Ce rapport, remis à Marlène Schiappa en 2018, confirmait alors le problème. Comme, à l'époque, l'expliquait à l'AFP Danielle Bousquet, présidente du HCE : "Bien que, à l'évidence, tous les professionnels de santé ne sont pas auteurs d'actes sexistes, les chiffres et les témoignages attestent d'un phénomène relativement courant dans le suivi gynécologique et obstétrical des femmes."
C'est aujourd'hui à la profession, et plus précisément au Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), de proposer ses solutions. Comment ? En lançant un label permettant de répertorier les maternités "bienveillantes" envers les femmes. Présenté ce jeudi 18 octobre en conférence de presse, ce nouveau label sera attribué aux maternités "qui s'engagent à mettre la bienveillance au centre" de leur activité et "qui acceptent la transparence" sur leurs pratiques, relaye le Huffington Post.
Les maternités labellisées "CNGOF" devront respecter 12 critères, établis suite à des mois de discussions et d'échanges avec les principales intéressées. Parmi ces critères : respecter un taux d'épisiotomies et de césariennes dans la moyenne nationale, permettre aux patientes de vivre un accouchement démédicalisé si leur santé le permet ou encore assurer une formation de l'ensemble du personnel à la bientraitance des patientes. L'entretien prénatal précoce au premier trimestre de grossesse, actuellement trop peu pratiqué, devra lui aussi être généralisé pour obtenir le label.
Un titre qu'une dizaine de maternités ont pu recevoir de façon provisoire, grâce à leurs statistiques d'activité actuelles et de leur engagement à respecter une démarche bienveillante. Celles-ci pourront le conserver si le respect des 12 critères établis est assuré à l'issue de la première année. Pour cela, les femmes venant d'accoucher seront invitées à répondre à un questionnaire sur la plateforme Maternys, trois jours puis trois mois après leur accouchement, afin de faire part de leur ressenti et leur expérience dans ladite maternité. Maternys proposera également des vidéos pédagogiques sur la grossesse, l'accouchement et le post-partum, afin d'informer au mieux les futures mamans pendant et après leur grossesse. Une démarche encourageante, respectant enfin la parole des femmes.