Ce lundi restera dans l’histoire de la cause des femmes espagnoles : le 5 juillet, la loi libéralisant l’avortement en Espagne est entrée en vigueur. Adopté en février dernier, le texte porté par la ministre socialiste à l’égalité Bibiana Aido, autorise l’IVG jusqu’à la 14e semaine de grossesse sans justification (En France le délai est de 12 semaines).
La loi en vigueur depuis 1985 ne reconnaissait pas le principe de l’avortement libre. Il n’était toléré qu’en cas de viol – jusqu’à 12 semaines-, de malformation du fœtus -22 semaines-, ou de danger pour la santé « physique ou psychique de la mère », sans limitation de temps. Des conditions qui ont conduit de nombreuses jeunes filles à se faire diagnostiquer une fragilité psychologique fictive et à se faire avorter parfois à plus de six mois.
Pourtant dans le pays de la Movida le texte est loin de faire l’unanimité. Le parti de la droite conservatrice et l’Eglise Catholique s’y opposent farouchement. Début juin le Parti Populaire a déposé un recours auprès du Tribunal constitutionnel espagnol : cette loi serait contraire au principe du « droit à la vie pour tous » inscrit dans la Constitution. Avant de se prononcer sur le fond, la haute cour ne devrait pas suspendre l’application de la loi, contrairement à la demande faite par le Parti Populaire. En attendant, les signes de mauvaise volonté viennent écorner la victoire du gouvernement et des militants pour l’avortement. Certaines régions réfractaires à la nouvelle loi brandissent l’argument d’inconstitutionnalité : en Navarre et en Murcie les autorités refusent d’appliquer le nouveau texte, en Galice les femmes auront beaucoup de mal à se documenter sur le sujet…
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