C'est un fait : votre collègue fait partie de ce que l'on appelle les "relous". Entre les appels perso passés depuis son bureau, les craquements de doigts réguliers, sans parler des déjeuners composés de chips qui font "crips crips" à chaque bouchée, il s'avère aussi être hyper bruyant, mais, étrangement, seul vous semblez vous apercevoir.
Soyez rassuré : loin d'être capricieux, il se pourrait simplement que vous fassiez partie des génies créatifs insoupçonnés.
Une étude de la Northwestern University récemment publiée dans la revue scientifique Neuropsychologia établit en effet un rapport entre sensibilité aux bruits et l'intelligence. Selon les chercheurs, les personnes qui ont développé une grande créativité ont tendance à avoir plus de difficulté à filtrer les informations sensorielles "non pertinentes". Or, ces bruits parasites (bruits de clavier, ruminement de chewing-gum, sonneries de téléphone...) sont légion en open space.
Pour établir le lien entre sensibilité au bruit et hyper créativité, les chercheurs de la Northwestern University ont demandé à plusieurs volontaires de se soumettre à un questionnaire mesurant leur "pensée divergente", c'est-à-dire leur capacité à envisager plusieurs solutions possibles face à des scénarios improbables. Les scientifiques ont également surveillé la capacité cérébrale des participants alors qu'ils étaient soumis à deux sons rapides de clics censés les déstabiliser pendant qu'ils répondaient aux questions. La plupart des répondants sont parvenus sans problème à ignorer les bruits parasites, mais ceux qui ont été les plus facilement distraits ont répondu plus rapidement que les autres.
En étudiant les données recueillies, les chercheurs ont également constaté que la plupart des participants au test étaient dotés de "filtrages sensoriels sélectifs" qui leur permettent de se couper assez facilement des stimuli extérieurs. Au contraire, ceux qui ont brillé par leurs réponses créatives en répondant au questionnaire sont aussi ceux qui étaient les plus distraits par les bruits autour d'eux.
Mais pourquoi les génies créatifs ont-ils davantage de mal que les autres à se couper du monde lorsqu'ils ont besoin de se concentrer ? Pour les chercheurs, c'est justement leur capacité à être facilement distrait qui entretient leur créativité, puisqu'ils sont plus susceptibles d'intégrer les idées de l'extérieur à leur travail créatif.