On connaît ces remarques insupportables par coeur. "Elle ne demande que ça", "elle l'a bien cherché". Des phrases censées justifier un délit ou un crime sexuels par la tenue et le comportement de la victime, plutôt que de désigner l'agresseur ou le harceleur comme unique responsable de ses actes. Elles viennent de nos proches ou moins proches, des hommes pour la plupart. Et aussi engagée soit-on dans la lutte féministe, parfois, les mots pour y répondre nous manquent. On ne sait pas toujours comment répliquer à ce genre de remarques nocives et culpabilisatrices qui nous débecte tant elles suintent la culture du viol.
En septembre dernier, la BBC a diffusé une vidéo humoristique qui, justement, tacle cette manie de dire qu'une femme "is asking for it" ("ne demande que ça"). Sur les premières images, deux hommes commentent la Une d'un journal en lançant ces mots au comptoir d'un café. De l'autre côté, trois serveuses s'interrogent alors à voix haute, prenant l'expression au pied de la lettre : "Si le fait de porter un décolleté signifie qu'on 'ne demande que ça', je me demande ce que nous pourrions demander d'autre rien qu'avec nos vêtements..."
Le sketch, écrit et joué par le trio féministe britannique Muriel, se poursuit avec des séquences mordantes où l'on voit l'une des jeunes femmes débarquer dans une salle de réunion vêtue d'un costume rouge, pour "demander une promotion". Une autre partir à 14 heures du bureau en vacances, sans poser de jours au préalable puisque sa tenue - un maillot de bain et un paréo - "ne demande que ça".
Ou encore la troisième, en robe de mariée assise sur son canapé, lancer "je le veux !" à son compagnon qui entre dans le salon, un bol de céréales à la main, visiblement pas au courant de cette union. A chaque fois, elles obtiennent ce qu'elles souhaitent, puisque tout ce qu'il leur faut, c'est porter des vêtements qui prouvent qu'elles "ne demandent que ça".
Une façon réussie de tourner en ridicule une réaction sexiste et dangereuse, qui a fait des émules sur les réseaux sociaux, et cumulé 2,5 millions de vues sur Twitter. Dans les commentaires, les "bravo" et "brillant !" défilent, beaucoup réclamant davantage de contenus similaires.
La dernière scène est sur le même ton : de retour au café, l'une des serveuses sert à l'un des hommes, vêtu d'un maillot de foot de l'équipe londonienne Arsenal, un gâteau au chocolat. Elle lui conseille de ne pas le manger mais plutôt de se remettre immédiatement à l'entraînement. "Mais je ne suis pas footballeur", rétorque-t-il. Elle répond : "Oh, mais à tu t'attendais à ce qu'on pense quoi, en te pointant habillé comme ça ?". Savoureux.