"Et le diable créa l'esthétique"
À la première lecture de ce sous-titre évocateur, on a tout de suite eu envie d'en savoir plus. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on n'est pas déçu. Car ce livre sorti le 24 mars dernier contient d'effrayantes révélations sur le quotidien des instituts de beauté.
Avec fraîcheur et humour, son auteure, Claire Gabriel, raconte son parcours jalonné d'épreuves dans ce monde cruel qu'est l'esthétique. Nous l'avons rencontrée pour en savoir plus.
Ce livre, on l'a aimé, il nous a fait rire, mais il nous a aussi fait peur. On y découvre des anecdotes hallucinantes qui nous font prendre conscience que l'envers du décor est bien pire que tout ce que l'on avait pu imaginer...
Fraîchement débarquée à Paris, la jeune femme a intègré un institut de beauté huppé. D'abord excitée, cette nouvelle apprentie va vite déchanter. Horaires interminables, pause déjeuner pratiquement inexistante, patronne tyrannique, salaire ridicule, rien, non rien ne lui sera épargné et surtout pas les clients les plus horribles.
...Et une serviette hygiénique à la place du tampon". Oui, certaines clientes osent se présenter pour une épilation du maillot avec une serviette imbibée de sang ? À peine a-t-on le temps de se remettre que Claire raconte une autre mésaventure peu ragoûtante :
"Un jour, j'ai enlevé le tampon de la cliente qui est partie avec la bande de cire et s'est enroulé autour de mon poignet, j'en avais plein les mains".
Quand on travaille sans gants comme Claire, on vous laisse imaginer le résultat :
"C'est déjà arrivé à presque toutes les filles avec qui j'ai travaillé, mieux vaut en rire".
À travers ces pages, on rencontre des clients peu à cheval sur leur hygiène corporelle. Et sans gêne aussi, comme cette jeune femme qui arrive pour se faire épiler le maillot juste après avoir eu un rapport sexuel. Ça aussi, Claire l'a déjà vécu :
"J'ai déjà eu des doutes, on me disait que c'était des pertes blanches mais bon... Ça arrive malheureusement de temps en temps".
La saleté, c'est son lot commun. Car Claire nous confirme qu'une grande proportion de clients se rend en institut sans s'être lavés au préalable. Des odeurs de transpiration soutenues, mais ce n'est pas tout :
"Au niveau de l'hygiène, la plupart des gens font preuve de respect, mais il y a des clientes très sales comme cette femme à 11 heures du matin qui sentait l'alcool, la transpiration et le cendrier froid, mais qui portait un manteau en fourrure des grands soirs".
Et encore, tout cela ne représente que la partie émergée de l'iceberg. Au fil du livre, de nombreuses anecdotes, aussi risibles que dégoûtantes, nous sont crûment rapportées. À l'image de cet homme aux comédons tellement longs qu'ils finiront pas faire vomir la pauvre Claire. Ou encore de ce pet, lâché par une cliente, alors qu'une esthéticienne de l'institut lui met du talc au niveau du SIF (sillon inter-fessiers)...
Mais si les clients ne sont pas toujours respectueux, que dire des pratiques honteuses mises en place par la première patronne de l'auteure ? Propriétaire de plusieurs établissements chics à Paris, celle-ci ferait tout pour économiser le moindre centime, quitte à arnaquer ses clientes.
Un exemple ? L'utilisation d'huile d'olive ou de colza pour effectuer des massages. Évidemment, la cliente est persuadée de bénéficier d'une huile de massage de bonne qualité en rapport avec le prix élevé du soin payé.
"Il y a tellement de senteurs dans les centres, parce qu'on travaille aussi avec des huiles essentielles, que ça camoufle. Mais j'ai toujours trouvé étonnant qu'au retour, chez elles, elles ne s'en rendent pas compte".
Autre astuce pour se faire plus d'argent sur le dos des clients : mettre en rayon les testeurs donnés gratuitement par les marques partenaires de l'institut. Sur ordre de sa patronne, Claire se voit donc obligée de gratter la mention "non-commercialisable" sur chaque produit. Et quand les clientes s'étonnent de ne pouvoir les utiliser, voici la réponse automatique à leur adresser :
"Nous sommes désolées, nous en recevons bientôt. Nous faisons régulièrement le tri pour que vous ne testiez pas de produits périmés".
Au fil des pages, Claire donne tant de petits détails sur ces méthodes malhonnêtes, qu'à la fin de cette lecture, on se sent enfin capable d'identifier un institut qui ne tourne pas rond. C'est aussi tout l'intérêt de ce bouquin désopilant. Après une telle formation, vous saurez enfin si vous mettez les pieds au bon endroit... ou pas.
Instituts de beauté les coulisses de Claire Gabriel, Éditions Pixl, 8,90 euros.
Et retrouvez également tous ses conseils de pro sur la beauté et l'esthétique sur son blog Clairegabrielblog.