Si les congés payés n'existaient pas encore au début du 20e siècle, cela n'empêchait pas les plus fortunés de partir en villégiature et d'adresser leurs meilleurs souvenirs par écrit. Les cartes postales pouvaient d'ailleurs très bien servir de déco et se collectionnaient plus facilement que de nos jours (dans un monde sans télé ni internet, on s'amusait comme on pouvait).
Si la couleur n'était pas encore d'actu, les concepteurs de cartes ne manquaient pas d'imagination. Et des vestiges datant de 1902 sont assez révélateurs de la mentalité de la société de l'époque.
En effet, au début du 20e siècle, les femmes étaient sous tutelle. Soumises au bon vouloir de leurs maris, elles n'avaient pas le droit de vote et étaient bien souvent cantonnées à leur rôle de mères au foyer. Perçues comme d'éternelles mineures aux yeux de la société patriarcale, elles étaient toutes désignées pour faire l'objet des moqueries des misogynes. Et ces derniers ne se sont d'ailleurs pas privés pour rire à leurs dépens, comme le montre une collection très particulière de cartes postales réapparue il y a quelques jours...
Il y a plus de 100 ans, il était proprement inimaginable pour une femme d'avoir accès à des responsabilités professionnelles, voire à des études supérieures. Histoire de souligner leur incapacité supposée, un éditeur originaire de la ville de Nancy, Albert Bergeret, avait donc eu la bonne idée de les représenter dans des rôles qu'elles n'assumeraient probablement jamais.
Pompier, maîtresse d'armes, avocate, journaliste, médecin... Autant de métiers qui étaient alors uniquement réservés à la gente masculine. Quand on pense que cette série consternante baptisée "Les femmes de l'avenir" se veut humoristique...
Heureusement, ces clichés ont été prémonitoires !
Si la première femme à plaider en tant qu'avocate n'a pas dû attendre longtemps avant de sortir de l'anonymat (Jeanne Chauvin en 1907), certaines ont été obligées de prendre leur mal en patience pour exercer leur passion. Il faudra ainsi patienter jusqu'en 1932 pour voir des femmes jockey s'affronter à l'hippodrome de Maisons-Laffitte, puis 1976 pour qu'elles soient officiellement incorporées au corps des sapeurs-pompiers.
Autant de victoires que n'avaient apparemment pas anticipées Albert Bergeret !