Début mars, le gouvernement de l'Ontario (province la plus peuplée du Canada) lançait le plan d'action It's Never Okay. L'objectif : mettre un terme aux violences sexuelles, qu'elles se déroulent dans les transports en commun, au bureau, ou encore à la maison. Sur trois ans, 41 millions de dollars vont ainsi être déboursés en éducation, aide aux victimes et en campagnes de prévention. Et justement, ce dernier point est déjà d'actualité puisqu'une campagne baptisée #WhoWillYouHelp (Qui aiderez-vous ?) a été lancée et commence doucement à devenir virale. Il faut dire que la vidéo secoue. Car ici, ce ne sont ni les victimes, ni les agresseurs qui sont mis en lumière, mais bel et bien les témoins.
A l'écran, diverses situations se succèdent : une jeune fille subit des attouchements sexuels durant une fête alors qu'elle est presque inconsciente tandis qu'une autre est sur le point d'ingurgiter la drogue du violeur. Plus loin, c'est une jeune femme qui subit les avances déplacées d'un collègue de bureau. La dernière mise en scène s'intéresse à un groupe de garçons qui partage des photos privées d'une camarade. A chaque fois, les agresseurs s'adressent directement à la caméra. Prenant le témoin à parti, ils le remercient de détourner le regard, de ne rien faire pour aider la victime. Puis, on est interpellé et on découvre ce qu'il se passerait si l'on s'était interposé. Une à une, les personnes agressées nous remercient alors d'avoir fait quelque chose.
Destinée aux habitants de l'Ontario, la campagne #WhoWillYouHelp résonne pourtant tout particulièrement en France, un mois seulement après le viol d'une jeune femme dans le RER Paris-Melun (pour rappel, aucun des usagers présents dans la rame ne lui était venu en aide). Car si 86% des victimes d'agressions sexuelles connaissent leur violeur, les 14% restantes sont tout aussi importantes. Les violences sexuelles sont ainsi bien installées dans les lieux public, des transports en commun aux campus universitaires.
Fort heureusement, collectifs, associations et même gouvernements redoublent d'idées pour contrer ce fléau. A la télévision et sur le net, en France comme ailleurs, les campagnes de prévention se succèdent. En octobre dernier, Barak Obama faisait ainsi appel à plusieurs stars hollywoodiennes pour dénoncer la tolérance silencieuse des viols sur les campus des universités américaines. Baptisée " It's On Us ", la vidéo réunissant notamment Jon Hamm et Kerry Washington avait grandement fait réagir sur les réseaux sociaux. De ce côté-ci de l'Atlantique, c'est surtout un court métrage intitulé " Je suis à l'heure " et présenté au dernier Nikon Film Festival qui a retourné les estomacs des Français. On y découvrait un monsieur tout-le-monde en route pour un entretien d'embauche. Confronté au viol d'une femme dans un RER, il détournait le regard.
Mais passé le choc provoqué par ces différentes vidéos, la peur d'agir du témoin d'agression sexuelle pourrait bien être plus grande que son courage civique. Selon une récente étude menée par le ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, 6 femmes sur 10 ont peur d'être agressées dans les transports en commun. Enfin, rappelons que 75 000 personnes sont victimes de viol en France chaque année, tandis qu'elles sont plus de 26 700 à subir des agressions sexuelles. La majorité des victimes sont des femmes.