En 2014, alors âgée seulement de 13 ans, Trisha Prabhu met au point un système révolutionnaire pour lutter contre un mal que les jeunes gens de sa génération connaissent malheureusement trop bien : le harcèlement scolaire. Ce système est en fait un logiciel baptisé ReThink (repenser) qui détecte les mots grossiers et haineux que peuvent comporter certains messages que s'envoient les ados sur les réseaux sociaux. Avant que le message ne s'envoie, l'adolescent reçoit une réplique avec une mise en garde : "Est-ce vraiment digne de toi ?" ou encore "Ne fais pas quelque chose que tu pourrais regretter après". De leur côté, les parents sont prévenus par le logiciel si leur progéniture harcèle sur les réseaux sociaux. Originaire de l'Illinois aux Etats-Unis, Trisha Prabhu estime que ReThink aurait un effet dissuasif dans 93% des cas. Finaliste de la Google Science Fair en 2014, la jeune fille a depuis reçu de nombreux prix et a présenté son projet à la Maison Blanche, dans plusieurs universités et lors d'une conférence TED. En plus de son engagement contre le cyber-harcèlement, Trisha Prabhu milite aussi pour l'entreprenariat au féminin et espère bien un jour être diplômée en neurosciences.
Née de sexe masculin, Eli Erlick s'est pourtant toujours identifiée comme fille. A l'âge de 8 ans, elle fait son coming-out, mais étant élevée dans un milieu rural aux Etats-Unis, elle fait face à une transphobie très violente. Au lycée, elle décide de faire de ce rejet une force et fonde l'association Trans Student Educational Ressources (TSER) qui permet aux jeunes transgenres de trouver un soutien, de s'informer, mais qui donne aussi des clés aux enseignants et aux administrateurs pour créer un environnement plus sain dans leurs établissements.
Aujourd'hui âgée de 20 ans, la jeune activiste continue d'utiliser sa notoriété pour sensibiliser les plus jeunes à la transphobie. Auréolée du prix Peace First en 2014 qui lui a permis d'injecter 25 000 dollars dans son organisation, Eli Erlick expliquait à l'époque que l'argent permettrait d'envoyer des membres de TSER à différentes conférences à travers le pays mais aussi d'offrir des bourses à des étudiants transgenres. "Nous opérons dans un cadre d'activisme intersectionnel pour être sûrs que les communautés les plus marginalisées obtiennent l'attention dont elles ont besoin, tout en repoussant l'oppression grâce à des actions collaboratives", a-t-elle expliqué au site The Advocate.
La première fois que sa mère lui explique qu'elle sera un jour mariée à un parfait étranger, Sonita Alizadeh est âgée de 10 ans. Trop jeune pour réaliser le destin qui l'attend, la jeune Afghane tente de vivre une enfance normale dans un pays terrorisé par les Talibans. Cinq ans plus tard, elle fuit en Iran avec sa famille et découvre que sa mère veut la vendre pour 9 000 dollars à un homme. C'est à ce moment-là que Sonita Alizadeh comprend qu'elle est sur le point de devenir une énième jeune mariée de force. Alors elle enregistre le morceau de rap Brides for Sale qu'elle poste sur YouTube. Visionnée plus de 367 000 fois, la vidéo fait le buzz grâce à ses paroles fortes et sans équivoque : "Laissez-moi vous murmurer mes mots, pour que personne ne m'entende parler de la vente de vos filles. On ne doit pas entendre ma voix, car elle est contre la charia. Les femmes doivent rester silencieuses, c'est la tradition de notre ville".
Devenue un symbole de la lutte contre le mariage forcé, Sonita Alizadeh a depuis obtenu une bourse via une association pour étudier la musique dans une université de l'Utah aux Etats-Unis, où elle réside toujours aujourd'hui. Si elle a quitté l'Iran sans regarder en arrière, elle continue de se battre contre le fléau qui touche 15 millions de jeunes filles dans le monde. Invitée au Women in the World Summit de Londres l'année dernière pour évoquer son parcours, elle a également eu droit à son propre documentaire, intitulé sobrement Sonita.
Les interactions entre les filles et les garçons, voilà ce qui intéresse Sana Sodki et Savannah Ali, deux jeunes Britanniques âgées de 18 ans. Il y a quelques années, elles commencent à se poser pas mal de questions sur les "techniques de dragues" de leurs camarades masculins. Pourquoi sont-ils parfois violents dans leurs paroles ? Pourquoi peuvent-ils tout d'un coup devenir intimidants ? Bref, pourquoi ce qu'ils estiment être un flirt est un fait vécu comme du harcèlement par les jeunes filles ? Bien décidées à changer les règles, elles créent alors Oii My Size, un site internet qui apprend aux adolescents à communiquer dans le respect et qui met également en lumière le danger et les conséquences de l'échange en ligne de contenu sexuellement explicite lorsqu'on est mineur.
Appuyées notamment par l'organisation Peabody et par la fondation Big Lottery, les deux jeunes filles ont participé à de nombreuses présentations dans les lycées anglais et ont reçu de nombreux prix et nominations. Interrogées par The Guardian en 2014, elles expliquaient : "Le but n'est pas d'engueuler les garçons. Nous voulions qu'ils comprennent que s'ils veulent vraiment avancer avec une fille, ils doivent reconsidérer totalement leur manière de lui parler".
Actuellement étudiante en première année de master à Sciences po Paris, Alyette Tritsch, 21 ans, a trouvé le temps entre deux partiels de venir en aide aux réfugiés. En septembre dernier, elle commence à se rendre dans les camps qui fleurissent dans certains quartiers de Paris pour donner un coup de main. Là, elle se rend alors compte que beaucoup de réfugiés souhaitent avoir accès aux études supérieures. Ni un ni deux, la jeune femme demande de l'aide aux autres étudiants de sa promo puis est mise en relation avec l'ONG allemande Kiron, qui aide à faciliter l'accès des réfugiés aux études supérieures outre-Rhin. On lui propose alors de mettre en place la branche française de Kiron, elle accepte.
Depuis, Alyette Tritsch a réussi à nouer des partenariats avec plusieurs universités mais aussi des plateformes de MOOC. Ce mois de mars, 20 premiers réfugiés bénéficieront de cours de FLE (Français langue étrangère) et d'anglais à Sciences po Paris, et auront accès aux conférences et à la bibliothèque de la faculté. Le but ensuite, permettre aux réfugiés de finir leur cursus dans les mêmes conditions que les étudiants français. Dans une récente interview accordée au site L'Etudiant, la jeune femme originaire de Besançon explique : "Le programme va être adapté à la demande pour qu'il soit un tremplin pour des gens qui veulent reprendre des études et des élèves de l'école feront du soutien juridique pour les accompagner dans leurs démarches". Grâce à sa motivation, Alyette a réussi à mobiliser une vingtaine d'étudiants autour de ce projet. Et demain ? L'officialisation de Kiron France et bien sûr, la poursuite de ses études.
C'est parce que ses parents lui interdisaient de passer trop de temps les yeux rivés sur les écrans que la Canadienne Ann Makosinski s'est mise à créer ses propres jouets. Mais alors qu'elle vient de souffler ses 15 bougies, ce qui n'était qu'un jeu prend d'un seul coup un tournant beaucoup plus sérieux. Ann vient d'inventer la Hollow Flashlight, une torche qui produit de la lumière grâce à la chaleur de la main et cela la propulse au rang de petit génie. Elle remporte la Google Science Fair en 2013 puis trois prix au Youth Science Canada.
Un an plus tard, elle revient avec un autre projet baptisé e-Drink. L'idée ? Un mug de voyage qui convertie la chaleur des boissons chaudes en électricité et qui permet de recharger son téléphone grâce à un port USB intégré. Nouveau succès pour la jeune fille, Shell lui rachète le prototype. Aujourd'hui âgée de 18 ans, Ann Makosinski peut se vanter d'être apparue dans le classement Time des personnalités de moins de 30 ans les plus influentes, d'avoir participé à deux émissions de Jimmy Fallon, et même d'avoir été égérie pour la ligne Fleece d'Uniqlo. Etudiante en première année à l'Université de Colombie-Britannique, elle continue d'inventer et n'hésite pas à intervenir dans des conférences pour partager sa passion. Gageons que l'on n'a pas terminé d'entendre parler d'elle.
Le New York Times dit d'elle qu'elle est un "titan des médias", Teen Vogue affirme qu'elle est en train de changer le web et même le Guardian s'intéresse à son parcours. A 23 ans, Amani Al-Khatahtbeh peut en tout cas s'enorgueillir d'avoir une idée brillante : créer un site web destiné à une communauté invisible : les femmes musulmanes. Lancé en 2009 alors qu'elle n'était encore qu'au lycée, MuslimGirl.net réunit aujourd'hui une cinquantaine de blogueurs et rédacteurs et touche environ 1 million de lectrices.
Pour cette Américaine qui étudie actuellement à l'Université Rutgers dans le New Jersey, le but est d'offrir aux femmes musulmanes des sujets d'actualité, de pop culture et même des reportages jugés tabous (ex : l'homosexualité chez les imams) mais traités de leur point de vue. "J'ai toujours été frustrée de voir que nous étions sous-représentées dans les médias, même si les médias semblent apprécier parler de nous (de façon incorrecte la plupart du temps). Nous ne voulons plus que l'on parle pour nous ou que l'on donne une image de nous de femmes dociles, oppressées et sans voix", a-t-elle ainsi expliqué.
En juin dernier, alors que des millions d'adolescents américains se rendent à leur bal de promo, Kyemah McEntyre fait sensation en arrivant au sien dans une robe qu'elle a elle-même dessinée. La superbe tenue aux influences afro permet à la jeune fille de remporter la couronne, mais grâce à ses quelques posts Instagram et au message de tolérance qu'elle a voulu faire passer en célébrant ses racines, Kyehmah devient surtout une star du web. Depuis, plusieurs stars – dont Tyra Banks – ont porté des créations qu'elle a imaginées, lui permettant de gagner en respectabilité. Et après ? Maintenant qu'elle a mis le lycée derrière elle, Kyemah McEntyre semble bien décidé à se consacrer à sa passion. En mai, elle sortira sa première collection capsule avec le site dédié aux jeunes designers, Bellovella. On lui souhaite une rupture de stock rapide.
A 16 ans, alors qu'elle effectue une mission bénévole au service des dialyses de l'hôpital général de Montréal, Anya Pogharian a l'idée de fabriquer un dialyseur transportable et peu coûteux qui permettrait de faciliter l'accès à ce traitement dans les pays en développement. Une idée loin d'être bête puisque le coût de production d'un appareil classique atteint environ 30 000 dollars contre 500 dollars pour le dialyseur inventé par la jeune femme. Récompensée de la médaille de bronze en 2014 à la Super Expo-sciences Hydro-Québec, Anya Pogharian a également récolté de nombreuses bourses. Actuellement étudiante à l'Université Marianopolis, elle travaille toujours sur son prototype et espère le perfectionner en vue de le faire breveter. Pas mal pour une jeune fille qui s'est lancée dans ce projet fou en commandant toutes les pièces nécessaires sur internet.