« J'ordonne à nos forces militaires de ne jamais cesser de tirer sur les Farc jusqu’à ce que le conflit prenne fin ». Une déclaration au ton austère de Juan Manuel Santos qui sonne comme un appel à la guerre. Le contexte est connu. Les Forces Révolutionnaires Armées Colombiennes ont mené samedi une attaque sanglante sur la route de la province d’Arauca. Le bilan est lourd : 15 soldats de l’armée régulière ont été tués.
Le récit du Général Emilio Barrios, commandant de la Brigade 12 de l’armée colombienne, fait état d’une attaque bien préparée. « Les premiers combats ont commencé hier (samedi) à 11 heures. Ils se sont déroulés toute l’après-midi et une partie de la nuit. Ce matin, de nouveaux affrontements nous ont opposés à 40 guérilleros des Farc. Nos forces ont réussi à récupérer deux mitraillettes M60 à usage exclusive aux forces élites. Un lanceur de grenades de 40 millimètres, un fusil Galil 566 ainsi que des matériels et des munitions ».
Cette attaque meurtrière des Farc intervient au lendemain d’une forte mobilisation du Comité International de la Croix Rouge (CICR) pour la libération d’un Américain, Kevin Scott Sutay. Un homme que les Farcs présentent comme un soldat capturé. Washington affirme qu’il s’agit d’un touriste. Michael McKinley, ambassadeur des Etats-Unis à Bogotá, la capitale colombienne, parle d’un « Marine » à la retraite. « Il n’a rien à voir avec notre mission militaire, rien à voir avec le conflit armé », a-t-il fait savoir. Le gouvernement colombien s’emporte. Juan Carlos Pinzon, ministre colombien de la Défense, accuse les rebelles Farcs de « tromperie avec leurs fausses promesses ».
Ironie du sort, les deux groupes ne trouvent pas un terrain d’entente. Ils ne s’accordent pas sur la date butoir fixée par le gouvernement pour clore les négociations. « Il est dit que nous devons prendre le temps nécessaire pour négocier », assure Marco León Calarca, négociateur des Farc. « Nous ne croyons pas aux dates butoir, parce qu’elles constituent déjà une barrière ».
En mi-janvier 2013, le groupe armé accuse le gouvernement colombien de refuser de négocier et annonce la reprise des opérations militaires à la date du 20 janvier 2013. Le gouvernement répond et demande aux rebelles Farc d’honorer à leur tour leurs engagements, rejetant toute politique de guerre en Colombie. « Il ne peut pas y avoir de politique de guerre en Colombie », confie Humberto de la Calle, négociateur en chef du gouvernement. « Nous sommes venus à la Havane pour discuter des garanties permettant de créer une atmosphère démocratique et pour inviter les Farc à faire partie de cette négociation », conclut-il.