Cachez ce sein que je ne saurai voir. La guerre contre les tétons ne fait pas rage que sur les réseaux sociaux. C'était un lundi ordinaire au lycée de Bradenton, en Floride. Ce jour-là, Lizzy Martinez, 17 ans, s'habille pour aller à l'école. Devant sa penderie, elle choisit un t-shirt gris manches longues Calvin Klein, un pantalon noir et préfère ne pas mettre de soutien-gorge. Une tenue vestimentaire on ne peut plus sobre pour une adolescente. Après cinq heures de cours, on lui intime de se rendre à l'infirmerie de l'établissement pour atteinte à la pudeur.
J'ai décidé de ne pas porter de soutien-gorge aujourd'hui et un de mes professeurs s'est plaint que c'était une "distraction pour les garçons de ma classe". En gros, mon école m'a dit que l'éducation des garçons est beaucoup plus importante que la mienne et que je devrais avoir honte de mon corps.
Après avoir été retirée de sa classe, la jeune fille de 17 ans s'est retrouvée dans le bureau du doyenne Violeta Velazquez. Les raisons de cette convocation ? Ses seins distrairaient les autres élèves, violant ainsi le code vestimentaire de l'école. "Ils m'ont fait enfiler une deuxième chemise, puis m'ont obligée à me lever et, genre, bouger et sauter pour voir à quel point mes seins bougeaient", a déclaré Lizzy Martinez au site d'information BuzzFeed News. Puisque le second t-shirt n'était toujours pas suffisant aux yeux de la directrice de l'établissement, Lizzy a été invitée à retourner à l'infirmerie pour couvrir ses mamelons de sparadrap. Un parcours humiliant pour l'ado qui finit en larmes dans les bras de sa mère atterrée par la manière dont l'école a géré l'incident.
Le 16 avril, Lizzy appelle à un Bracott.
Alertée par l'école puis par sa fille, la mère de l'adolescente Kari Knop a décidé de monter au créneau. "C'est un exemple répugnant de deux poids, deux mesures et cela montre bien la façon dont notre culture perpétue le bodyshaming. Si un garçon regardait ses tétons aussi longtemps, pourquoi n'est-il pas convoqué ou puni ?", confie exaspérée Kari Knop à BuzzFeed News.
Depuis et selon une déclaration de la mère de Lizzy, la directrice de Braden River aurait reconnu qu'il n'y avait rien vu de mal à la tenue vestimentaire de l'adolescente (le port de soutien-gorge n'étant à ce jour pas obligatoire), qu'ils avaient mal géré la situation et essayerait d'améliorer leur façon de procéder dans le futur. Ce n'est pourtant pas la première fois qu'aux États-Unis, des jeunes femmes sont renvoyées chez elles pour des questions de dress code : une robe à bretelles arc-en-ciel etune tunique et un legging (entre autres) avaient déjà fait polémique il y a quelque temps.
Bien décidée à faire valoir ses droits, Lizzy appelle à un bracott (littéralement un boycott du soutien-gorge) le lundi 16 avril. Les femmes sont invitées à ne pas en porter et à l'accrocher sur leur sac à dos, et les garçons à scotcher des pansements sur leurs tétons par-dessus leur t-shirt.