Alors que le "monstre sacré" du cinéma est accusé de violences sexuelles par 13 femmes (propos salaces, mains posées sur les cuisses, les jambes et les fesses, humiliations en public, insultes sexistes...) et qu'une nouvelle plainte a été déposée contre l'acteur (la plaignante est une ancienne assistante de plateau) c'est également la filmographie de l'acteur qui se retrouve abondamment commentée ces derniers mois.
Et parmi ces oeuvres, l'une des plus fameuses : Les valseuses de Bertrand Blier, auteur cher à Gérard Depardieu. Bertrand Blier, un nom qui est revenu dans les médias l'an dernier, de par les prises de parole de son ex compagne, l'actrice Anouk Grinberg, fustigeant le comportement de Gérard Depardieu sur les plateaux de tournage. "J'ai tourné avec Depardieu en me bouchant le nez et je l'ai entendu débiter ses ordures aux autres femmes. Je l'ai vu mettre des mains aux fesses à des femmes, leur toucher les seins, le sexe tout en blaguant. Je l'ai entendu parler toute la journée de comment il aimerait les sucer"
Aujourd'hui, c'est une autre comédienne qui s'exprime cependant : Brigitte Fossey. Par-delà "l'affaire Depardieu", celle-ci s'est attardée sur son malaise face à une séquence des Valseuses, aussi douloureuse à vivre qu'à visionner.
A savoir, la fameuse scène du train. Une agression sexuelle, affirme son interprète au sein de l'émission "Quelle époque !".
Durant cette scène, qui a déjà suscité un certain scandale à l'époque (comme le film dans son intégralité), l'on voit les personnages de Gérard Depardieu et Patrick Dewaere déshabiller et toucher la poitrine de la passagère d'un train, laquelle est en état de sidération. En vérité, une séquence de harcèlement sexuel et d'agression. Ladite passagère est interprétée par Brigitte Fossey, aujourd'hui âgée de 77 ans.
Pour l'actrice de La boum, cette scène est tout simplement insoutenable. Elle ne doit pas être perçue comme une séquence érotique. C'est tout l'inverse. Brigitte Fossey témoigne : "Je ne veux pas voir ça, c'est pas de mon âge. Je peux pas voir ça parce que c'est une agression. Quand une fille est troublée elle est vulnérable, elle ne peut pas se battre. D'ailleurs, ça ne servirait à rien de se battre parce qu'il y a deux personnes très fortes qui peuvent lui casser la gueule et faire ce qu'elles veulent".
Pour Brigitte Fossey, visionner cette séquence, même cinquante ans après sa première diffusion en salles obscures, demeure de l'impossible : trop insoutenable. Et ce, malgré le fait qu'elle n'ait pas toujours été envisagée par la critique et par le public comme une scène d'agression sexuelle. Tout au plus, comme une énième provocation de Bertrand Blier, au sein d'un film sulfureux qui n'en manque pas, et dérange volontairement par son ambivalence.
Est-ce pour autant dire que Les valseuses fait l'apologie du viol, au sein d'un art ou montrer permet également de dénoncer, au sein d'un film qui n'est pas des plus tendres envers la masculinité ? Qu'exprime au fond le regard du cinéaste ? Brigitte Fossey décrypte : "C'est une scène sur le trouble, et je ne connais pas une seule fille qui n'ait pas été troublée à un moment donné par le geste déplacé d'un homme plus âgé". Geste déplacé, un euphémisme longtemps employé pour désigner une agression sexuelle.
En août dernier encore, France Culture s'interrogeait : Les valseuses est-il un film misogyne ? "Ce qui fait que c'est un grand film c'est qu'il est toujours deux choses à la fois. Il est misogyne et féministe, violent et tendre ... C'est la force du film de commencer une scène sur une tonalité et de la finir sur une autre", y analyse la critique cinéma et autrice Murielle Joudet (Catherine Breillat : Je ne crois qu'en moi, Editions Capricci).