En construisant des usines, elle pensait pouvoir mettre un terme à la guerre qui ébranle l’Afghanistan depuis plus d’une décennie. La création d’emploi était pour elle le meilleur moyen d’amener les Afghans à baisser les armes. « Les talibans afghans sont fatigués de combattre. Ils n'ont pas profité des aides financières dont a bénéficié le pays. Mais si nous leur fournissons du travail et éduquons leurs enfants, ils arrêteront de se battre », assurait-elle. Khadija Ghaznawi ne saura jamais si sa stratégie était la bonne. Celle qui était jusqu’à mardi la seule femme dans la course à la succession du président Hamid Karzaï vient d’être disqualifiée, sans avertissement ni explication. La moitié des candidats à cette élection présidentielle, symbole du virage démocratique pris par le pays, a subi le même sort.
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« Des 26 candidats qui ont officiellement soumis leur dossier à la commission électorale indépendante (IEC), dix pourront participer à l’élection », a en effet déclaré Yousof Nooristani, le chef de l’IEC, lors d’une conférence de presse à Kaboul. Et d’ajouter : « Ceux qui ont été disqualifiés ont fait face à différents problèmes, certains n’ont pas pu avoir suffisamment de signatures dans chacune des provinces, d’autres n’avaient pas répondu à toutes les exigences sur les formulaires. »
Des explications qui n’ont pas convaincu Khadija Ghaznawi, d’autant que les dossiers de tous les candidats vedettes – celui du chef de la diplomatie afghane Abdullah Abdullah, du frère du président Karzaï, Qayyum Karzaï ou encore de l’ex-ministre des Finances Ashraf Ghani - ont été eux acceptés. Au Times, l’ex-candidate a d’ailleurs confié ne pas comprendre cette décision. « Je n’ai pas reçu le moindre appel téléphonique, personne ne m’a expliqué les raisons de mon éviction. Pourtant, je suis certaine d’avoir fourni tous les documents nécessaires et de remplir toutes les conditions », a-t-elle expliqué. Se disant « très en colère », Khadija Ghaznawi a d’ores et déjà prévenu qu’elle essaierait de « démêler le vrai du faux dans cette affaire ».
La présidentielle afghane du 5 avril 2014 sera suivie du départ des 87 000 soldats de la mission de l’Otan. Conviés à des pourparlers afin de pacifier le pays après le retrait des forces occidentales, les talibans afghans ont prévu de boycotter le scrutin.