"Nous ne nous taisons pas". C'est la traduction du catalan "No Callem", le nom d'un dispositif anti-agressions qui a permis l'arrestation du footballeur brésilien Dani Alves. Le joueur de 39 ans, ancien défenseur du PSG, est depuis le 2 janvier dernier accusé d'agression sexuelle, de viol et de violences physiques par une jeune femme de 23 ans, pour des faits qui se seraient déroulés dans les toilettes d'une discothèque, le Vutton, dans la nuit du 30 au 31 décembre 2022.
La plaignante accuse notamment le sportif de l'avoir forcée à lui faire une fellation, de l'avoir pénétrée de force, de l'avoir giflée et jetée au sol. Des traces de sperme auraient été retrouvés sur sa robe déchirée. Les images fournies grâce aux caméras de télésurveillance auraient également permis d'appuyer la version de la jeune femme, face aux contestations du footballeur, qui a modifié plusieurs fois sa version des faits.
Mais qu'est-ce que le "No Callem" au juste ? Initié par la mairie de Barcelone en 2018, ce protocole, qui n'existe d'ailleurs qu'à Barcelone, vise à protéger les victimes d'agressions sexuelles dans les espaces publics, comme les boîtes de nuit ou encore les festivals.
Le "No Callem" implique plusieurs choses. D'une part, d'avoir correctement formé les personnels des lieux publics concernés : ces derniers doivent effectivement disposer d'éléments de réflexion pour pouvoir identifier une situation problématique, un potentiel agresseur, mais ils doivent également savoir prendre en charge et rassurer la victime concernée. Mais l'agresseur présumé lui aussi doit être rapidement pris en charge : il doit effectivement être retenu par les personnels jusqu'à l'arrivée de la police.
En outre, ce protocole en vigueur dans 25 discothèques et 39 lieux publics de Barcelone (des centres culturels aux stades) implique de préserver les preuves d'une agression. Par exemple, en bloquant l'accès aux toilettes d'une boîte de nuit : ce fut le cas concernant "l'affaire Alves". Ce protocole est largement salué à l'international. En France par exemple, de nombreuses militantes féministes appellent à suivre le modèle espagnol.
C'est notamment le cas de Fabienne El Khoury, porte-parole de l'association Osez le féminisme, qui déclare à 20 Minutes : "Le plus important, c'est avoir du personnel et des agents de sécurité formés sur les violences sexuelles, qui croient la victime et ne font pas d'erreurs juste après l'agression. Si la victime est consentante, il pourra y avoir ensuite un examen médical, l'analyse de ses habits, la prise d'ADN par les enquêteurs et le personnel médical".
Un modèle à suivre selon la porte-parole : "En France, il faut plus de moyens, plus de ressources humaines aussi. Une juridiction spécialisée sans personnel formé ni assez de juges, c'est inefficace".
L'Espagne, exemplaire en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, a également voté une nouvelle loi en 2022, "Seul un oui est un oui", qui instaure l'obligation du consentement explicite lors d'un rapport sexuel.
Dani Alves se trouve actuellement en détention provisoire. Le footballeur risquerait jusqu'à 4 ans de prison pour les faits d'agression sexuelle, et jusqu'à 12 ans si les faits sont requalifiés en viol.