Le mercredi 6 janvier dernier, une foule d'assaillant·e·s pro-Trump a envahi violemment le Capitole, où siège le Congrès américain. A l'intérieur, les élu·e·s procédaient à la certification de l'élection de Joe Biden à la présidence des Etats-Unis. Une victoire largement contestée par le président sortant, qui l'estimait "volée", et que ses supporters ont, par cette insurrection, tenté d'empêcher. Le bilan sera de 5 décès et des dizaines de blessé·e·s.
Ce jour-là, la députée démocrate Alexandria Ocasio-Cortez était présente. Au lendemain des événements, elle s'est exprimée sur Twitter en assurant qu'elle témoignerait bientôt de ces heures terribles. Mardi 2 février, elle a finalement raconté ce qui s'est passé, par le biais d'une longue vidéo publiée sur son compte Instagram.
Elle explique ainsi comment elle a craint pour sa vie, cachée derrière la porte des toilettes de son bureau, et pourquoi il est insupportable d'entendre les Républicains appeler à "passer à autre chose". Elle fait d'ailleurs un lien avec un traumatisme de son passé, révélant publiquement qu'elle été victime d'agression sexuelle, plus jeune.
"La raison pour laquelle je m'émeus en ce moment est que ces gens qui nous disent de passer à autre chose, que ce n'est pas grave, que nous devrions oublier ce qui s'est passé, ou même qui nous disent de nous excuser, usent des mêmes tactiques que les agresseurs", dénonce celle qu'on surnomme AOC. Elle poursuit : "Je suis une survivante d'agression sexuelle et je n'ai pas dit cela à beaucoup de gens dans ma vie. Mais quand nous traversons un traumatisme, le traumatisme s'accumule".
La représentante critique notamment Chip Roy, aussi membre du Congrès, et le sénateur Ted Cruz pour avoir nié ce qu'elle a décrit comme leur responsabilité dans la prise du Capitole. "Ce sont les tactiques des agresseurs", martèle la politique. "Ou plutôt, ce sont les tactiques que les agresseurs utilisent."
"Ils essaient de nous dire d'aller de l'avant sans avoir à rendre des comptes, sans dire la vérité ou sans avoir à faire face aux dommages extrêmes, aux dommages physiques, aux pertes de vie et aux traumatismes qui ont été infligés non seulement à moi en tant que personne, non seulement à d'autres personnes en tant qu'individus, mais à nous tous en tant que collectif".
Elle se confie encore : "Quand je vois cela se produire, ce que je ressens, ce que j'ai ressenti, c'est : 'Pas encore'. Je ne vais pas laisser cela se passer une nouvelle fois. Je ne vais pas laisser cela m'arriver à nouveau. Je ne vais pas laisser cela se reproduire pour les autres personnes qui ont été victimes de cette situation. Et je ne laisserai pas cela arriver à notre pays. Nous ne laisserons pas cela se produire".
Pour l'élue, c'est inconcevable : "Nous ne pouvons pas aller de l'avant sans rendre des comptes. Nous ne pouvons pas guérir sans rendre des comptes." Elle estime également voir clair dans le jeu de ceux qui ne sont pas de cet avis : "Tous ceux qui nous demandent d'aller de l'avant le font à leur propre convenance... Les personnes qui disent : 'Nous devrions aller de l'avant', 'Nous ne devrions pas avoir de comptes à rendre', etc. disent en réalité : 'Pouvez-vous juste oublier tout cela pour que nous puissions, vous savez, recommencer ?'"
Et de conclure avec ferveur : "Nous ne sommes pas en sécurité avec des gens qui occupent des positions de pouvoir et qui sont prêts à mettre en danger la vie d'autres personnes s'ils pensent que cela leur fera marquer un point politique". Une vidéo qui comptabilise presque 5 millions de vues en 24 heures, et dont on peut espérer que l'impact dépasse largement le digital.