Ça y est, nous y sommes. Les températures dégringolent et l'hiver est bien là. Si la saison réjouit les amateurs de lectures au coin du feu, elle risque de déplaire à d'autres.
À qui ? Aux personnes allergiques au froid. Oui, vous avez bien lu. Il existe des personnes qui ne supportent pas le froid. Pas seulement parce qu'elles détestent porter une doudoune ou qu'elles aiment passer leurs journées en short, mais parce qu'au contact du froid, leur peau se couvre de plaques rouges qui les démangent. C'est ce qu'on désigne aussi sous le nom d'urticaire au froid.
Cette allergie est rare et ne représente que 2 à 5 % des urticaires chroniques. Une allergie dont se serait bien passée Fleur. Cette jeune parisienne de 26 ans en souffre depuis son entrée dans l'adolescence. "Ça m'est arrivé d'un coup, à la piscine. Je devais avoir 12 ans, confie cette dernière. J'ai commencé à avoir des démangeaisons. Je me suis dit que c'était à cause du chlore. Mais plus tard, la même réaction m'est arrivée en me baignant dans une rivière."
Elle ne comprend pas ce qui se passe. Dans le doute, elle file chez le premier médecin. Celui-ci la redirige vers l'hôpital le plus proche. Là-bas, elle est prise en charge. S'ensuit une série de tests. Le personnel présent sur place dépose un glaçon sur son bras. Il le laisse pendant cinq minutes. Puis, deux glaçons. Cette fois pendant dix minutes. On répète l'exercice jusqu'à observer une réaction. Le verdict tombe.
Depuis ce jour, Fleur est sous antihistaminique. Elle prend un comprimé par jour en prévention. Un comprimé par jour, depuis une dizaine d'années, ça fait beaucoup. Mais visiblement, ça vaut mieux pour elle, comme en témoigne une crise qu'elle a vécue il y a quelques années sur la plage. "J'ai eu mon allergie en rentrant dans l'eau mais je me suis dit 'tant pis', raconte la jeune femme. Parfois, mon urticaire peut entraîner de gros maux de tête. C'est ce qui m'est arrivé. À cause de la douleur, j'ai fait un malaise vagal."
L'urticaire n'apparaît pas seulement au contact de l'eau. La réaction se produit aussi, tout simplement, à l'air libre. Il suffit qu'il y ait un peu de vent pour qu'elle se manifeste. Toutes les parties de son corps, y compris le visage, peuvent être touchées. À quelle température? Fleur ne sait pas vraiment. Elle a l'impression que ça arrive en règle générale au-dessous de 25°C.
"C'est très contraignant", reconnaît cette dernière. En plus, cela représente un sacré gouffre financier. Une boîte d'antihistaminiques coûte en moyenne entre 3 et 5 euros. Celle-ci lui dure une semaine environ. Puisqu'il faudrait qu'elle se rende chez un médecin tous les mois pour qu'il lui fasse une ordonnance, elle préfère se restreindre. Mais de fait, elle n'en est pas remboursée.
Toutefois, ce n'est pas ce qui la dérange le plus. Ce qui l'inquiète, c'est plus de ne pas connaître, pour le moment, les risques sur le long terme d'un tel médicament et d'une prise aussi régulière. Un point de vue que partage volontiers Paul. Aujourd'hui âgé de 27 ans, il est atteint du même phénomène depuis ses 6 ans.
Moins contraignantes que celles de Fleur, ses réactions lui permettent de ne pas être sous antihistaminiques au quotidien. Il a appris à vivre sans. Pour les mêmes raisons que la jeune femme, mais aussi parce que l'image de lui en train de prendre un médicament tous les jours le dégoûte.