Catherine Deneuve, Julie Depardieu, Virginie Effira, Line Renaud, Maud Fontenoy Charles Aznavour, Hugues Aufray, Louis Bertignac, Raphaël, Jack Lang : emmenées par le chanteur et navigateur Antoine, toutes ces personnalités et quelques dizaines d'autres ont signé une pétition afin de s'opposer au projet de loi socialiste qui prévoit de sanctionner les clients de la prostitution. « Sans cautionner ni promouvoir la prostitution nous refusons la pénalisation des gens qui se prostituent et de ceux qui ont recours à leurs services et demandons l'ouverture d'un vrai débat sans a priori idéologique », font savoir les signataires.
Au total, plus de 70 personnalités - dont « les écrits, les chansons, les exploits inspirent nos réflexions », selon Antoine -, ont pris position en ce sens. Pourtant peu coutumier des engagements politiques, ce dernier a justifié au figaro.fr son initiative par une volonté de « faire comprendre à nos élus qu'ici, comme dans d'autres domaines, la pénalisation n'est pas la solution ». Et au Point.fr, il a expliqué que « se battre contre la prostitution non contrainte, c'est dissiper en vain l'énergie qui devrait être consacrée à la lutte contre le véritable proxénétisme de contrainte et la traite des êtres humains, les vrais ennemis ».
Car s'il ne critique pas la « lutte contre la traite des êtres humains » qui doit être selon lui le « premier devoir de l'État », l'auteur des Élucubrations affirme avoir « de la sympathie pour celles et ceux qui exercent ce métier. J'aime les prostitué(e)s comme des frères ou des sœurs, j'ai de la compassion pour ces personnes comme pour tous ceux qui souffrent ». Considérant par ailleurs la prostitution comme un corps de métiers ordinaire, il signale que certaines « personnes qui exercent depuis trente ou quarante ans et ont des habiletés spéciales, une véritable expertise ». Et tout en faisant la part des choses - « On ne va pas créer des BTS fellation ou proposer cette profession à Pôle emploi. Il suffit de créer des lois intelligentes », lance-t-il -, il souhaite cependant qu'on « rende aux personnes qui se prostituent les mêmes droits qu'aux autres travailleurs ». Un point de vue sur lequel le rejoint le chanteur Alain Souchon, l'un des signataires. « Si l'État veut réprimer une sorte d'esclavagisme où les filles sont droguées et obligées par des mafias à faire des choses qu'elles n'ont pas choisies, victimes atroces, on est d'accord. Mais celles qui ont choisi de se prostituer pour l'argent plus facile, je suis pour qu'on les laisse faire ce qu'elles veulent. Elles rendent des services tendres à tant de gars paumés. Laissez-leur leurs clients ! », estime-t-il.
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Mais par le biais de cet appel, c'est surtout contre les « associations opposées de manière dogmatique à la prostitution » que s'élève Antoine. « En France, dès qu'on parle des prostituées, on nous dit que l'immense majorité d'entre elles sont victimes des mafias. Mais aucun chiffre réel n'existe », déplore-t-il, s'agaçant des « chiffres de convenance » brandis par le gouvernement. En effet, selon les auteurs de la proposition de loi qui sera examinée à l'Assemblée les 28 et 29 novembre prochains, 90% de la prostitution serait forcée ou subie. « Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) décrit un paysage beaucoup moins noir », avance le navigateur. Et d'ajouter : « Selon l'ONU, il existerait en Europe 140 000 victimes de l'exploitation sexuelle ; c'est peu par rapport au nombre de prostituées, évalué à un million », tranche-t-il.
À noter que cette pétition intervient près de trois semaines après la publication du manifeste « Touche pas à ma pute » des 343 salauds qui s'élevait contre ce même projet de loi et avait fait polémique en raison de son caractère « déplacé » et « archaïque ».
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